Évaluation épidémiologique de la campagne de rattrapage vaccinal chez les enfants de moins de 6 ans à Mayotte, mai-juin 2018

Publié le 4 juillet 2019
Mis à jour le 4 octobre 2019

Contexte : en 2017, en réponse à l'alerte lancée par Santé publique France sur la menace épidémique qui pesait sur l'île de Mayotte en raison de la défaillance des services de la protection maternelle et infantile (PMI), le directeur général de la santé a chargé l'Agence de santé Océan Indien (ARS OI) de mener une campagne de rattrapage vaccinal à destination des enfants de moins de 6 ans. Méthode : l'ARS OI a effectué une demande d'appui auprès de Santé publique France pour la mise en oeuvre d'un dispositif de rattrapage vaccinal au bénéfice de la population d'enfants de moins de 6 ans à Mayotte. Les trois vaccins retenus comme prioritaires pour ce rattrapage étaient l'hexavalent (diphtérie, tétanos, coqueluche, poliomyélite, Haemophilus influenzae b (Hib), hépatite B), le ROR (rougeole, oreillons, rubéole) et le pneumocoque. La campagne vaccinale s'est déroulée du 22 mai au 30 juin 2018 ; 39 centres de vaccination temporaires ont été installés successivement sur le territoire ; 110 réservistes sanitaires de Santé publique France ont été mobilisés ; 90 000 doses de vaccins ont été acheminées vers l'île. L'objectif était de vérifier le statut vaccinal des enfants selon le calendrier vaccinal 2018 de Mayotte et de le mettre à jour pour les trois vaccins proposés. L'information de la population a été réalisée via tous les médias y compris communautaires. L'intervention a reposé sur l'implication des partenaires locaux : conseil départemental et centre hospitalier de Mayotte (CHM), élus, associations et médiateurs religieux. Résultats : sur les 23 955 enfants s'étant présentés dans les centres de vaccination, plus de la moitié ont nécessité un rattrapage vaccinal pour un à trois des vaccins proposés. La couverture vaccinale (CV) était insuffisante, quel que soit l'âge des enfants. Elle atteignait des taux inquiétants chez les moins de 2 ans (plus de 80% des enfants non à jour). Les taux de CV pour les premiers rappels étaient insuffisants pour tous les antigènes chez les 15 mois et plus : 76% pour le DTPC, 70% pour Hib, 77% pour l'hépatite B et moins de 50% pour le pneumocoque. Seuls 70% des enfants de 24 mois et plus avaient reçu les deux doses de ROR. La vaccination contre le BCG, majoritairement administrée au CHM à la naissance, était la seule à montrer des résultats satisfaisants : 89% des enfants avaient reçu une dose. Conclusion : en 2019, malgré les rattrapages vaccinaux effectués pendant cette campagne, le risque lié aux maladies à prévention vaccinale persiste et le réarmement fonctionnel de la PMI de Mayotte demeure un enjeu majeur de santé publique.

Auteur : Subiros Marion, Barbail Anne, Larsen Christine
Année de publication : 2019
Pages : 72 p.
Collection : Études et enquêtes