Contexte – Dans les pays historiquement concernés par les " mutilations sexuelles féminines " (MSF), les fréquences de ces pratiques sont estimées directement à partir d'enquêtes réalisées auprès d'échantillons représentatifs de femmes en âge de procréer. Dans les pays de migration, dont la France, de telles enquêtes n'existent pas et les estimations du nombre de femmes concernées sont réalisées depuis la fin des années 2000 selon une méthode indirecte, dite d'extrapolation. Méthodes – Les données utilisées proviennent d'un nouveau protocole d'enquête direct, inspiré d'enquêtes par questionnaire auprès de femmes en âge de procréer et développées dans les pays d'origine. Cet outil de collecte a été testé dans trois départements français en 2021 dans un échantillon de 41 établissements de santé auprès de 3 120 usagères âgées entre 18 et 49 ans. Parmi elles, 2 507 femmes ont accepté de répondre à un court questionnaire principalement administré par les professionnels de santé durant la consultation. Résultats – Les résultats révèlent des niveaux contrastés de la pratique entre les départements variant de 1% ou moins (dans le Rhône et les Alpes-Maritimes) à 7% en Seine-Saint-Denis. Ces différentes prévalences sont corrélées à la présence plus ou moins importante des femmes originaires de " pays à risque ". Conclusion – La comparaison de ces résultats avec ceux de l'estimation indirecte montre que cette dernière est fiable dans les départements peu ou moyennement concernés. En revanche, dans les territoires où la population originaire de " pays à risque " est sur-représentée, la méthode directe s'avère plus adéquate.
Auteur : Lesclingand Marie, Sylla Fatoumata, Andro Armelle, Boisson Sarah
Bulletin épidémiologique hebdomadaire, 2023, n°. 19, p. 398-407