Quels sont les risques liés à la pollution de l'eau ?

La pollution de l'eau peut être entraîner des pathologies d'origine infectieuse (gastro-entérites, hépatites virales, légionelloses) ou liées à la pollution chimique

Mis à jour le 20 juin 2023

Si la lutte contre les maladies liées à l’eau d’alimentation reste un enjeu majeur dans les pays en voie de développement, l’eau du robinet bénéficie en France, comme dans les pays développés, d’un contrôle de qualité permettant de surveiller sa conformité alimentaire. Certaines petites installations rurales et surtout montagnardes présentent des pollutions microbiennes, souvent liées à la présence d’animaux sur le bassin versant, beaucoup plus fréquentes que les réseaux des grandes villes. 

Quelques populations sensibles font l’objet de préconisations restrictives. Il est déconseillé aux sujets immunodéprimés sévères, comme les porteurs du VIH, de consommer l’eau du robinet afin d’éviter tout risque infectieux. L’eau dont la teneur en nitrates est supérieure à 50 mg/L est déconseillée aux nourrissons et aux femmes enceintes.

Les pathologies infectieuses

La pollution de l’eau par des micro-organismes peut entraîner :

  • Des gastro-entérites aiguës qui, lorsqu’elles sont d’origine bactérienne, peuvent âtre à l’origine de complications comme la dyspepsie (douleurs abdominales chroniques due à la perte de l’élasticité de la paroi intestinale) ou des complications graves telles que l’arthrite réactive, le syndrome de Guillain-Barré et le syndrome hémolytique urémique.
  • Des hépatites virales A ou E.
  • Des ulcères ou cancers de l’estomac liés à Helicobacter pylori.
  • Des légionelloses surtout chez les personnes immunologiquement fragiles, etc.

Les pathologies liées à la pollution chimique

Les pathologies liées à la pollution chimique dépendent de nombreux facteurs tels que : 

  • le type de polluant,
  • la dose d’exposition,
  • la durée d’exposition.

La France bénéficie d’une surveillance régulière de la qualité de l’eau de distribution et la maîtrise du risque toxique est conditionnée par le respect des limites de qualité pour les composés toxiques. Néanmoins, le respect des limites de potabilité pour certains polluants, comme l’arsenic, qui nécessitent des traitements coûteux, est parfois difficile à atteindre pour des petites communes dans les délais exigés par la réglementation. 

L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) est chargée d’évaluer les risques sanitaires liés à des dépassements sur les limites et références de qualité de l’eau destinée à la consommation humaine pour chacun des paramètres inscrits au code de la santé publique.

Les pathologies liées à la pollution de l’eau d’origine chimique peuvent être :

  • des intoxications ponctuelles, le plus souvent liés à une détérioration de la qualité de l’eau à l’intérieur des bâtiments (relargage de plomb ou de cuivre), 
  • mais surtout des cancers dus à des expositions chroniques (plus de 10 ans et jusqu’à 40 ans). Ces maladies représentent la plupart des pathologies associées aux polluants chimiques de l’eau de distribution observables aujourd’hui. Différentes localisations cancéreuses ont été associées à l’arsenic hydrique (cancers de la peau, la vessie, le rein, le poumon) et aux sous-produits de chloration (vessie, colorectal). La difficulté à reconstituer des expositions anciennes et à prendre en compte les nombreux autres facteurs de risques (tabac, alimentation…) pour ces types de cancers expliquent souvent les divergences observées dans les études épidémiologiques.

Plus récemment, l’effet adverse de certains polluants hydriques sur la reproduction et le développement des fœtus a été évoqué sans pour autant apporter d’éléments probants en faveur de l’existence d’un risque. Pour exemple, les nombreuses études épidémiologiques sur les sous-produits de chloration n’ont à ce jour pas mis en évidence de lien entre ces composés et les effets sur la reproduction et le développement.

Le risque lié à la présence de résidus de médicaments dans les eaux naturelles, à travers la consommation de l’eau du robinet produite à partir de ces eaux naturelles, est à l’état d’hypothèse. Cette hypothèse s’appuie plus sur le grand nombre de molécules impliquées que sur les concentrations atteintes par une molécule donnée dans l’eau du robinet. Quelle que soit la molécule considérée, la dose absorbée par consommation d’eau durant toute une vie reste en effet inférieure à une dose thérapeutique quotidienne. Actuellement, aucune donnée épidémiologique n’indique d’effet sur la santé humaine.

Produit / Agent pathogèneMaladiesRisque en FranceRôle de l'eau distribuée en FrancePopulation à risque
Risques sanitaires liés à l'eau potable
Microbes entériquesGastro-entérites, hépatite A, ulcère et cancer de l'estomacLocalement préoccupantFaible moyen selon le lieuPopulations alimentées par des très petites unités de distribution (campagne, montagne). 
Personnes immunodéprimées
Légionelles et plus particulièrement L. pneumophilaLégionellose1 500 cas annuels10 à 30% (douche)Personnes âgées ou immunodéprimées, fumeurs…
Risque toxique
Sous-produits de désinfectionCancers colorectal, de la vessieLocalement préoccupant, en régression~100 %Populations alimentées par des eaux de surface (retenue, lacs, rivière) ; fœtus
ArsenicCancers de la vessie, du rein, de la peau, du poumonLocalement préoccupant, en régression~100 %Certaines populations d’Auvergne, de Savoie…
PlombSaturnisme (retard mental...)FaibleFaible actuellementEnfants ; Populations précaires (exposition par les peintures anciennes…), foyers alimentés par des canalisations en plomb et une eau peu minéralisée (Vosges…)
Nitrates (NO3)MéthémoglobinémieAbsence de cas rapportésFaible à moyenNourrissons, femmes enceintes
PesticidesCancers, effets reprotoxiques, effets neurotoxiquesRisque non établi (exposition environnementale)Très faible, exposition essentiellement par les alimentsAgriculteurs, particuliers utilisateurs (plantes…), résidents proche de zones d’épandage
Résidus de médicamentsAucun effet spécifique connu à ce jourRisque non établiTrès faible 

Ce tableau a été établi par Santé publique France sur la base de la littérature internationale et de ses propres travaux.