Nutrition et cancer : perceptions des risques et des facteurs protecteurs.

Publié le 1 janvier 2011
Mis à jour le 6 septembre 2019

Introduction et but de l'étude.- Les recherches des quarante dernières années ont mis en évidence le rôle de la nutrition sur la survenue de certains cancers. Il est aujourd'hui reconnu que l'excès de viandes rouges et de charcuteries, les boissons alcoolisées, le sel et les aliments salés, les compléments alimentaires à base de bêta-carotène ainsi que le surpoids et l'obésité augmentent le risque de cancer. À l'inverse, l'activité physique, les fruits et légumes et l'allaitement le diminuent. Le Baromètre cancer 2010 a étudié les perceptions du risque de cancer associé à certains facteurs nutritionnels, perceptions susceptibles de jouer un rôle important dans l'adoption de comportements plus ou moins favorables à la santé. L'objectif est ici d'analyser ces perceptions. Matériel et Méthodes.- Le Baromètre cancer 2010 a été mené auprès d'un échantillon aléatoire de 3 727 personnes francophones âgées de 15 à 85 ans, représentatif de la population résidant en France métropolitaine. L'enquête a été effectuée par téléphone (filaires, portables et " dégroupés "). Les variations des perceptions du risque de cancer selon plusieurs facteurs socio-démographiques ont été analysées par le biais de régressions logistiques auprès des 15-75 ans. Résultats.- L'augmentation du risque de cancer lié à la consommation fréquente de viande rouge est connue par 30,2 % de la population. C'est le cas de 37,0 % des individus pour la consommation de sel ou aliments salés, 47,4 % pour celle de charcuterie et 63,6 % pour le surpoids ou l'obésité. Les facteurs protecteurs sont identifiés comme tels par 55,9 % des individus pour ce qui est de la consommation fréquente de fruits et légumes et par 58,8 % pour la pratique régulière d'une activité physique. L'influence positive de l'allaitement de l'enfant par rapport au risque de cancer du sein chez la mère, est connue par 23,8 % des femmes. La perception des facteurs de risque de cancer est socialement déterminée. En analyse multivariée, le caractère protecteur des fruits et légumes et de l'activité physique et celui, délétère, de la consommation fréquente de viande rouge, de charcuterie et de sel ou aliments salés sont davantage connus par les personnes ayant un niveau de diplôme et un revenu élevé. Une moins bonne perception concernant l'influence des fruits et légumes (OR=0,7 ; p < 0,05) et de la charcuterie (OR = 0,6 ; p < 0,01) est par ailleurs observée chez les chômeurs. Le risque accru de cancer lié au surpoids ou à l'obésité est davantage connu par les individus ayant un niveau de revenu élevé. Enfin, le caractère protecteur de l'allaitement par rapport au cancer du sein de la mère est davantage cité par les femmes ayant un niveau de diplôme supérieur au bac (OR = 2,3, p < 0,001). Conclusion.- Dans l'ensemble, les individus sont relativement nombreux à ne pas connaître l'influence de certains facteurs nutritionnels sur le risque de cancer. Ces résultats conduisent à s'interroger sur la façon d'améliorer l'efficacité de la prévention nutritionnelle des cancers. Une prise de parole dans la presse, des institutions et des collectifs d'experts pourrait être envisagée. Des messages sur les facteurs de risque de cancer, incluant les facteurs nutritionnels, pourraient également être diffusés à la population. Source : poster cité dans la revue "Nutrition clinique et métabolisme" dans le supplément 2, numéro 25.

9es Journées Francophones de Nutrition, Reims, 7-9 décembre 2011

Auteur : Escalon H., Ancellin R.
Année de publication : 2011