Avec le vieillissement, les difficultés à se nourrir correctement peuvent survenir alors que certains besoins spécifiques se trouvent augmentés. Lorsque les personnes perdent en autonomie, ce qui peut arriver avec certaines dégradations cognitives, leur état nutritionnel peut se trouver particulièrement altéré…
L’étude Anaïs : alimentation, l’état nutritionnel et la santé mentale des personnes âgées en institutions
L’amélioration de la prévention, du dépistage et de la limitation de la dénutrition des personnes âgées d’une part, et de leur statut en calcium et en vitamine D, d’autre part, figurent parmi les objectifs spécifiques du Programme national nutrition santé (PNNS) lancé en 2001.
En effet, environ 6 millions de personnes âgées de 75 ans et plus (dont 700 000 vivent en institution) vivent en France actuellement, soit 9 % de la population. Selon les projections de l’Insee, cette proportion devrait atteindre 13,6 % à l’horizon 2035. Cette évolution démographique a de nombreux retentissements sur l’offre et la demande en matière d’hébergement pour personnes âgées : augmentation des capacités d’accueil en hébergement de longue durée et médicalisation croissante des établissements.
L’institutionnalisation des personnes âgées s’accompagne également de problèmes spécifiques comme la dénutrition (entre 20 et 60 % des personnes âgées vivant en institution selon les estimations) et les troubles anxiodépressifs (environ 45 % des personnes âgées en institution). Face à ce constat, la réduction de 20 % de la prévalence de la dénutrition parmi les personnes âgées d’au moins 70 ans, à domicile comme en institution, avait été reprise dans les 100 objectifs de la loi n°2004-806 du 9 août 2004 relative à la politique de santé publique.
Mise en place d’une étude de l'état nutritionnel et de la santé mentale des personnes âgées vivant en institution
Dans le cadre de leur mission de surveillance des populations fragiles, et suite à la demande du Secrétariat d’État chargé de la Solidarité, le programme de surveillance nutritionnelle et le programme santé mentale de Santé publique France se sont associés pour mettre en place une étude qui décrira l'état nutritionnel et la santé mentale des personnes âgées vivant en institution. Cette étude vise plus précisément à :
- Décrire les consommations alimentaires et l’activité physique des personnes âgées vivant en institution ;
- Décrire leur état nutritionnel (prévalence de la malnutrition) ;
- Déterminer la prévalence des troubles anxiodépressifs, des troubles du sommeil et des troubles cognitifs ;
- Décrire leur consommation médicamenteuse, en particulier celle des psychotropes ;
- Décrire les associations entre état dépressif et statut nutritionnel.
Cette étude transversale descriptive serait réalisée auprès d’un échantillon aléatoire de personnes âgées vivant en institution gériatrique de longue durée (logements-foyers, établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes – Ehpad – et unités de soins de longue durée – USLD –), en France métropolitaine. Le recueil des données porterait sur les consommations alimentaires, l’état nutritionnel, la santé mentale, les données anthropométriques et de pression artérielle, ainsi qu’un volet « marqueurs biologiques de l’état nutritionnel » avec des dosages de marqueurs biologiques de la dénutrition (albumine, préalbumine, orosomucoïde et CRP), du statut vitaminique (A, B9, B12, C, D, E et caroténoïdes) et minéral (calcium, zinc, sélénium, potassium).
A l’occasion de la préparation de ce projet, un comité scientifique réunissant les fédérations hospitalières (FHF, Fehap), les syndicats professionnels (AD-PA, FFAMCO-Ehpad, Synerpa) et la Société française de gériatrie et gérontologie (SFGG) a été mis en place.
Étude pilote menée en 2010
D’avril à septembre 2010, une étude de faisabilité a été réalisée auprès d’un échantillon de 63 résidents de 6 établissements d’hébergement pour personnes âgées (2 logements-foyers, 3 Ehpad et 1 USLD) du département de l’Indre-et-Loire. Les résidents inclus, ou leurs accompagnants pour les résidents les moins autonomes, ont été interrogés sur la vie quotidienne dans l’établissement, leur bien-être psychique, les antécédents médicaux et les traitements médicamenteux suivis. Les consommations alimentaires des résidents ont par ailleurs été relevées sur 2 journées. Des mesures anthropométriques et de la pression artérielle ont également été réalisées. Pour la moitié des résidents inclus, des prélèvements sanguins et un dosage des marqueurs inflammatoires (protéine C réactive et orosomucoïde) et de la dénutrition (albumine et pré-albumine) ont aussi été réalisés.