Épidémiologie du fibrome utérin pris en charge médicalement en France de 2013 à 2017

Publié le 9 mars 2022
Mis à jour le 9 mars 2022

Santé publique France assure une surveillance épidémiologique de certaines pathologies en lien possible avec les perturbateurs endocriniens qui s'inscrit dans la Stratégie nationale contre les perturbateurs endocriniens. Le fibrome utérin a été priorisé comme indicateur clé à surveiller sur la base du poids des preuves concernant le lien avec les perturbateurs endocriniens (Le Moal J, Sharpe RM, Jorgensen N, Levine H, Jurewicz J, Mendiola J. Toward a multi-country monitoring system of reproductive health in the context of endocrine disrupting chemical exposure. European journal of public health. 2015). Le fibrome utérin est une tumeur bénigne des muscles lisses de l'utérus. Il s'agit de la tumeur non-cancéreuse la plus fréquente chez les femmes en âge de procréer et il représente la première cause d'hystérectomie en France, pouvant altérer de manière importante la qualité de vie (saignements, douleurs chroniques invalidantes) et la fertilité. Cette étude a permis de développer pour la première fois en France un indicateur de surveillance du fibrome utérin pris en charge médicalement (hospitalisé et traité par le médicament Esmya), d'en estimer l'incidence de 2013 à 2017 et d'analyser les variations spatio-temporelles du risque. Les données ont été obtenues à partir du Système national de données de santé. Chez les femmes de 10 à 54 ans nous avons observé 178 388 nouveaux cas de fibrome utérin pris en charge médicalement (environ 35 700 cas/an) avec un taux d'incidence annuel sur la période 2013 à 2017 de 17/10 000 personnes-années. Les résultats de la modélisation spatio-temporelle à l'échelle du département montrent que le risque de fibrome utérin pris en charge médicalement a augmenté sur la période d'étude. Ces résultats reflètent cependant en grande partie la montée en charge du traitement de la pathologie par le médicament Esmya de 2013 à 2017, même si une augmentation réelle de l'incidence ne peut être exclue. Nous avons observé une hétérogénéité spatiale du risque à l'échelle départementale. Dans certains départements, le risque relatif est nettement plus élevé qu'en France métropolitaine, notamment en Guadeloupe. Il est prématuré à ce stade de discuter d'éventuelles hypothèses environnementales à partir de ces premiers résultats descriptifs, même si une contribution environnementale au risque de fibrome utérin est plausible au regard de la littérature de plus en plus fournie, notamment concernant le lien avec les perturbateurs endocriniens. Cette étude sous-estime par construction la fréquence réelle du fibrome utérin en France. Elle apporte néanmoins une première estimation quantifiée du problème de santé publique lié au fibrome utérin, une photographie détaillée de sa prise en charge médicale sur le territoire français, et le nombre de cas de fibromes utérins pris en charge médicalement souligne l'importance de poursuivre ces travaux. Il s'agit donc d'une première étape de la surveillance nationale, à enrichir avec d'autres sources de données complémentaires afin d'approcher au mieux l'incidence réelle du fibrome utérin dans la population, d'approfondir les liens avec l'exposition aux perturbateurs endocriniens, et in fine de pouvoir orienter les mesures de gestion et prévention ainsi que les travaux de recherche sur la thématique. Santé publique France poursuivra cette surveillance du fibrome utérin dans le cadre de la surveillance des effets des perturbateurs endocriniens sur la santé dont le périmètre est en cours de priorisation.

Auteur : Peyronnet Alexia, Goria Sarah, Chesneau Julie, Le Moal Joëlle
Année de publication : 2022
Pages : 56 p.
Collection : Études et enquêtes