Causes associées aux suicides dans les certificats de décès. Analyse des certificats médicaux de décès, France, 2000-2014

Publié le 5 février 2019
Mis à jour le 6 septembre 2019

Introduction : l'objectif de l'étude était de décrire la distribution des pathologies mentales et non mentales associées au suicide à partir des certificats médicaux de décès. Méthodes : l'analyse porte sur les décès survenus en France entre 2000 et 2014, extraits de la base nationale du Centre d'épidémiologie sur les causes médicales de décès (CépiDc-Inserm). Ont été sélectionnés les décès dont le certificat contenait un code de suicide (CD suicide) de la Classification internationale des maladies (CIM-10), soit les codes X60 à X84. Résultats : sur la période d'étude, 156 910 décès par suicide chez les individus âgés d'au moins 10 ans ont été enregistrés en France, dont 74% d'hommes. Ces décès représentent 1,9% du total des décès et 10 461 cas en moyenne par an. Selon ces certificats de décès, 40% des suicides étaient associés à la présence de troubles mentaux, plus souvent chez les femmes que chez les hommes (48% vs 36%). Il s'agissait en grande majorité de troubles dépressifs (38% chez les femmes et 28% chez les hommes). Ceux-ci étaient 41 fois plus fréquemment associés aux suicides qu'aux autres décès. Les suicides des personnes âgées de moins de 25 ans représentaient une part modérée du total des suicides (5,5%), mais étaient à l'origine d'un nombre élevé d'années de vie perdues. Des associations particulièrement fortes ont été observées avec les troubles de l'humeur et les troubles anxieux dans cette classe d'âge. Pour 16% des suicides, le certificat de décès indiquait l'existence d'au moins une pathologie non mentale ayant contribué au décès : les maladies les plus souvent associées étaient celles de l'appareil circulatoire (5% des CD suicide), les maladies du système nerveux (4%) et les tumeurs invasives (3%), sans que l'étude ait été en mesure d'identifier des pathologies non mentales liées aux suicides. Conclusion : malgré les limites des certificats médicaux de décès à rendre compte des comorbidités, ce travail a permis d'explorer l'information transmise par les médecins certificateurs sur 15 années. Il sera intéressant de poursuivre ce travail et de l'approfondir avec les données des bases médico-administratives du système national des données de santé (SNDS), qui permettront d'identifier les éventuelles pathologies prises en charge en amont du décès, palliant ainsi les biais de certification médicale des états morbides ayant pu contribuer au suicide.

Auteur : Ha Catherine, Chan Chee Christine
Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire, 2019, n°. 3-4, p. 55-62