Diabète de type 1 chez l’enfant : variations spatio-temporelles de l’incidence et étude écologique des facteurs géographiques de variation en France, de 2010 à 2017

Le diabète de type 1 (DT1) est une maladie auto-immune dont l'incidence augmente depuis une trentaine d'années dans le monde, laissant suspecter l'influence de facteurs environnementaux dans la survenue de cette pathologie, au-delà des facteurs génétiques connus. Les variations spatio-temporelles de l'incidence du DT1 chez les enfants de 6 mois à 14 ans sur la période 2010-2017 en France métropolitaine ont été décrites à l'échelle des départements (n = 101 incluant les DROM) et des cantons (n = 1972, hors DROM) français. Les facteurs potentiellement corrélés aux variations spatiales ont été recherchés dans une étude écologique géographique à l'échelle cantonale. Un algorithme a permis de sélectionner les cas incidents de DT1 dans le système national des données de santé (SNDS) et d'estimer l'incidence annuelle sur la période. Des indicateurs géographiques ont été construits afin de caractériser les cantons en termes de niveaux de polluants chimiques et physiques, de présence d'activités polluantes, de caractéristiques sociodémographiques ou d'incidence de certains facteurs de risque associés à la grossesse. Les associations entre l'incidence cantonale de DT1, et les caractéristiques des cantons ont été étudiées via des régressions de Poisson et des modèles bayésiens hiérarchiques. Au total, 16 683 nouveaux cas de DT1 ont été détectés de 2010 à 2017 (taux d'incidence = 17,2/100 000 enfants sur la période, avec une augmentation de 4 % par an). Une hétérogénéité spatiale du risque de DT1 a été mise en évidence, ainsi qu'une association positive et statistiquement significative entre l'incidence cantonale du DT1, les niveaux de polluants atmosphériques (principalement le NO2), et d'autres indicateurs du niveau de défavorisation sociale ou d'urbanisation du canton. Les niveaux cantonaux des autres polluants environnementaux étudiés n'étaient pas associés à l'incidence du DT1. Cette étude permet de mieux connaître les caractéristiques environnementales associées aux zones de surincidence de DT1 de l'enfant, incluant notamment des caractéristiques liées à un niveau élevé d'urbanisation et d'orienter la recherche étiologique sur les facteurs de risque de cette pathologie. Elle montre l'intérêt des approches écologiques pour le croisement des données sanitaires et environnementales dans le cadre de pathologies complexes et multifactorielles, dont les facteurs de risque (environnementaux comme sociodémographiques) peuvent être très corrélés entre eux.