Sommeil : données
Le temps de sommeil
En 2017, le temps de sommeil est en moyenne de 6 heures 42 minutes par 24 heures, soit pour la première fois en dessous des 7 heures minimales quotidiennes habituellement recommandées pour une bonne récupération. Selon l’âge, le temps de sommeil moyen par 24 heures diminue progressivement de 7 h 24 parmi les 18-24 ans à 6 h 35 parmi les 45-54 ans, pour remonter ensuite à 6 h 48 parmi les 55-64 ans et 6 h 58 parmi les plus âgés (65-75 ans).
Le travail de nuit
Le travail de nuit est reconnu comme étant une des causes du déclin de sommeil. En France, entre 1990 et 2013, le nombre de travailleurs de nuit est passé de 3,3 millions (15,0 % des actifs) à 4,3 millions (16,3 %). Les principaux métiers ou corps de métiers concernés par le travail de nuit sont les infirmiers, sages-femmes et aides-soignants, agents de surveillance, armée, policiers et pompiers, conducteurs routiers et livreurs. Les travailleurs de nuit dorment en moyenne une heure de moins que les travailleurs de jour (en moyenne une nuit perdue par semaine ou 4 nuits par mois). Les conséquences sanitaires pour les travailleurs de nuit sont davantage de risques de maladies métaboliques, cardiovasculaires, d’accidents et, pour les femmes, de risques lors de la grossesse et de cancer du sein.
Le temps de trajet
« Le temps de trajet ou de « connexion » entre domicile et travail est aussi probablement un déterminant fort du déclin du sommeil dans nos mégapoles, de même que pour les habitants des zones rurales de plus en plus éloignés des centres de vie active et qui conduisent souvent entre deux et trois heures par jour, rentrant de plus en plus tard, partant de plus en plus tôt et grignotant sur leur temps de sommeil. » Être court dormeur, c’est-à-dire dormir moins de 6 heures par nuit, fait partie des inégalités sociales et territoriales de santé qui concernent davantage les personnes les moins diplômées ou vivant dans des agglomérations de plus de 200 000 habitants. En outre, les personnes aux revenus les plus faibles, au chômage ou sujettes à un épisode dépressif caractérisé avaient une probabilité plus élevée d’être insomniaques. Les personnes les plus touchées sont les actifs employés ou agriculteurs, célibataires, personnes à la situation socio-économique difficile et fumeurs quotidiens…
La sieste
En 2017, plus d’un quart des Français âgés de 18 à 75 ans déclaraient faire la sieste au moins une fois par semaine, d’une durée moyenne de 50 minutes, et près d’un tiers d’entre eux déclarait faire la sieste au moins une fois le week-end, d’une durée moyenne d’1 heure. Récupérer le week-end serait un facteur limitant le risque de comorbidité associé au sommeil court. La capacité de récupérer sa dette de sommeil le week-end peut donc aussi être vue comme un facteur positif.
La dette de sommeil, mesurée par différents indicateurs, apparaît plus fréquente parmi les femmes que parmi les hommes, ceci quel que soit l’âge. Elle semble également plus importante entre 18 et 54 ans, pour diminuer globalement parmi les 55-75 ans.
Le stress
En 2017, la moitié des Français (48 %), en majorité des femmes (56 %) et CSP- (56 %), déclaraient ressentir un stress retentissant sur leur sommeil. Les personnes se disant très stressées étaient celles qui dormaient le moins pendant la semaine (6 h ou moins). Les femmes, plus soumises au stress en raison d’un ensemble de facteurs (physiologie, rôles sociaux, charge mentale de la famille et de son bien-être, essor des familles monoparentales) avaient un sommeil plus fragile.
Les courts dormeurs
En 2017, parmi les 18-75 ans, 36,0 % étaient courts dormeurs (personnes qui dorment moins de 6 heures par nuit), sans différence significative entre hommes et femmes. Les différences liées à l’âge étaient en revanche marquées, les 35-64 ans étant plus souvent courts dormeurs (40,3 %) que les 18-34 ans (30,5 %, p<0,001). Les fumeurs quotidiens, quel que soit leur niveau de dépendance (HSI bas et HSI élevé, HSI Heavyness of Smoking Index), étaient plus fréquemment courts dormeurs (respectivement 39,1 % et 49,2 %) que les fumeurs occasionnels et les non-fumeurs (respectivement 30,6 % et 34,6 %, p<0,001). La consommation d’alcool, mesurée par les API hebdomadaires (API alcoolisation ponctuelle importante : fait de consommer au moins 6 verres en une même occasion) et la consommation quotidienne, n’était pas significativement liée au sommeil de courte durée. Enfin, le mode de consommation de cannabis et le fait d’avoir consommé une autre drogue illicite dans l’année n’étaient pas corrélés au fait d’être court dormeur.
Les troubles du sommeil
En 2017, une proportion élevée de Français souffrait de troubles du sommeil, dont les plus fréquents sont l’insomnie (15 à 20 % des adultes), le syndrome d’apnées du sommeil (4 à 6 % des adultes), le syndrome des jambes sans repos (2 % à 8 % de la population), les parasomnies (2-4 %) et les hypersomnies rares (0,05 % à 0,1 % de la population).
L’insomnie chronique
En 2017, 13,1 % des 18-75 ans déclaraient des symptômes suggérant une insomnie chronique, 16,9 % des femmes et 9,1 % des hommes (p<0,001). L’insomnie chronique était plus fréquente parmi les femmes de 25 à 64 ans (autour de 19 %), et parmi les hommes de 35 à 64 ans, touchant environ un homme sur 10. Quel que soit l’âge, les femmes étaient environ deux fois plus nombreuses que les hommes à déclarer des symptômes d’insomnie chronique.
Les fumeurs quotidiens fortement dépendants étaient nettement plus fréquemment sujets à l’insomnie chronique que les autres fumeurs ou les non-fumeurs (25,5 % contre 12,6 %, p<0,001). Le tabac est un cofacteur associé triplement au « court sommeil », à l’insomnie (parmi les consommateurs quotidiens d’alcool) et au chronotype du soir. Il mérite ainsi d’être pris en compte dans les études liant sommeil et indicateurs cardiovasculaires. Ce lien entre tabagisme et qualité du sommeil devrait inciter les fumeurs à arrêter de fumer. Les consommations d’alcool ou de drogues illicites ne faisaient pas ressortir de différence significative concernant l’insomnie chronique.