Investigation des cas de légionellose déclarés dans les Alpes-Maritimes au cours des mois d'octobre, novembre et décembre 2005

Publié le 1 mars 2007
Mis à jour le 6 septembre 2019

Introduction - En 2005, le nombre de cas de légionellose a fortement augmenté dans le département des Alpes-Maritimes, avec 74 cas notifiés et un taux d'incidence de 7,42 cas pour 100 000 habitants, soit près de 4 fois plus que le taux national. En décembre 2005, devant cette situation, un groupe technique a été créé pour suivre la situation et réaliser une investigation épidémiologique et environnementale autour des cas notifiés durant le dernier trimestre 2005. Les objectifs de cette investigation étaient de décrire les cas, d'identifier d'éventuels regroupements de cas et de rechercher une (des) source(s) commune(s) de contamination. Méthode - Une enquête descriptive rétrospective a été réalisée sur les cas de légionellose résidant dans les Alpes-Maritimes, notifiés à la Ddass au 11/01/2006, dont les critères diagnostiques étaient une pneumopathie avec confirmation biologique de légionellose à Legionella pneumophila sérogroupe 1 (isolement, séroconversion, immunofluorescence directe ou antigène soluble urinaire positive) et dont la date de début des signes était comprise entre le 01/10/2005 et le 31/12/2005. Des regroupements de cas ont été recherchés sur la base des lieux de domiciles, lieux professionnels et déplacements durant les 14 jours précédant le début des signes. Une recherche active des tours aéroréfrigérantes (TAR) non déclarées, ainsi que d'installations potentiellement à risques a été réalisée par la Direction départementale des affaires sanitaires et sociales (Ddass), la Directions régionale de l'inductrie, de la recherche et de l'environnement (Drire) et le Service communal d'hygiène et de santé (SCHS) de la ville de Nice. Concernant les TAR, les résultats des autocontrôles réalisés depuis le mois de septembre 2005 ont été demandés, permettant un contrôle ciblé de certaines installations à partir d'un faisceau d'arguments comprenant les résultats des derniers autocontrôles, la puissance et le géoréférencement de l'installation associé à celui du domicile des cas. Enfin, des prélèvements ont également été effectués aux domiciles des cas lorsque l'installation d'eau chaude sanitaire le justifiait. Résultats - Au total, sur les 34 cas survenus au dernier trimestre 2005 et notifiés au 11/01/2006, 32 ont été confirmés et analysés. La distribution temporelle montrait que des cas étaient survenus tout au long de la période, avec deux pics lors des semaines 43 et 50. Quarante-sept pour cent des cas sont survenus au mois d'octobre et 56 % résidaient à Nice. La létalité était de 17 %. Pour tous les cas, Legionella pneumophila sérogroupe 1 a été identifiée et le diagnostic biologique a été posé à partir de l'antigène soluble urinaire. Le profil génomique n'a été obtenu que pour 4 souches cliniques et celles-ci étaient toutes différentes et non répertoriées dans la base de données du Centre national de référence (CNR). Trois regroupements spatio-temporels de 5, 4 et 3 cas ont été identifiés. Aucune souche environnementale n'a pu être rapprochée de ces souches cliniques. Aucune source commune de contamination n'a été identifiée. Discussion - L'augmentation du nombre de cas de légionellose dans les Alpes-Maritimes en 2005 a fait émettre l'hypothèse de la survenue d'une épidémie. Effectivement, une augmentation anormale et sans précédent des cas a été observée avec un pic de fréquence au mois d'octobre. Cependant, l'investigation n'a pas permis de mettre en évidence une cause commune de contamination. En effet, si plusieurs regroupements spatio-temporels de cas ont été identifiés, les cas sont survenus tout au long de la période et ni un lieu géographique commun, ni aucun facteur d'exposition particulier n'ont pu être mis en évidence. Enfin, toutes les souches cliniques identifiées étaient différentes. Néanmoins, le caractère rétrospectif et tardif de l'investigation par rapport à la date de début des signes de certains cas a pu gêner l'identification de la (ou des) source(s) de contamination. Très peu de souches cliniques ont été isolées et aucune n'a pu être rapprochée d'une souche environnementale. Conclusion et recommandations - Cette étude a été menée dans une situation particulière d'augmentation de l'incidence sans caractère épidémique clairement démontré. A l'issue de cette investigation, il apparaît nécessaire de rappeler que, pour tout cas de légionellose, un questionnaire standardisé doit rapidement être réalisé afin d'identifier un éventuel regroupement de cas et d'initier les investigations épidémiologiques et environnementales. Une communication vers les cliniciens est nécessaire afin de réduire les délais de diagnostic et de notification. L'obtention de souches cliniques et environnementales et leur envoi au CNR des légionelles de Lyon pour typage moléculaire est indispensable pour identifier une source de contamination. Le ciblage des TAR à contrôler, basé sur un faisceau d'arguments dont le géoréférencement peut être intéressant. Enfin, une communication renforcée entre les différents partenaires de l'investigation est essentielle. (R.A.)

Auteur : Renaudat C
Année de publication : 2007
Pages : 29 p.