Evaluation des conséquences sanitaires et environnementales de la pollution d'origine industrielle au cadmium autour du site TLM dans le 15ème arrondissement de Marseille

Publié le 1 janvier 2001
Mis à jour le 9 septembre 2019

Une pollution au cadmium a été constatée en Août 1999 dans le quartier Saint-Louis à Marseille. La source de cette pollution était l'entreprise Tréfileries et Laminoirs de la Méditerranée (TLM) qui fabrique depuis plusieurs dizaines d'années des fils d'alliage cuivre-cadmium utilisés pour l'équipement des caténaires ferroviaires. Cette source de pollution a été immédiatement supprimée suite à une mise en demeure préfectorale : l'usine TLM a arrêté sa production utilisant du cadmium. Le procédé utilisant du cadmium était employé par l'usine TLM depuis 1980 environ. Afin d'évaluer les conséquences sanitaires susceptibles de résulter de l'exposition au cadmium rejeté par l'entreprise TLM à Marseille (quartier Saint Louis), une démarche d'évaluation englobant les aspects environnementaux et sanitaires a été mise en oeuvre dès Septembre 1999 sous l'autorité d'un Comité Scientifique coordonné par l'Observatoire Régional de la Santé (ORS PACA). Ce comité se compose de représentants et d'experts de l'ORS PACA, de l'Institut de Veille Sanitaire (InVS), de la Cellule Inter-Régionale d'Epidémiologie (CIRE), de la Direction Départementale des Affaires Sanitaires et Sociales (DDASS), de la Direction Régionale de l'Industrie, de la Recherche et de l'Environnement (DRIRE), du Service Communal d'Hygiène et de Santé (SCHS) de la ville de Marseille, du Centre Antipoisons (CAP), du Centre Européen de Recherche et d'Enseignement en Géosciences de l'Environnement (CEREGE) et d'AIRMARAIX ainsi que de plusieurs Professeurs des Facultés, experts dans diverses spécialités médicales. Le cadmium est un métal lourd qui s'accumule dans l'organisme dont il est éliminé très lentement. Les effets toxiques du cadmium concernent essentiellement le rein où le cadmium incorporé s'accumule progressivement au cours du temps. La toxicité rénale du cadmium se traduit au début par une augmentation de l'excrétion de protéines de petite taille dans les urines (protéines de faible poids moléculaire telles que la Retinol Binding Protein (RBP). Il est admis que cette atteinte rénale peut apparaître lorsque les concentrations de cadmium dans les urines sont supérieures au seuil de 2 microgrammes par gramme ("g/g) de créatinine. Ces atteintes étant liées à l'accumulation du cadmium dans le rein, elles ne se manifestent, en général, qu'à l'âge adulte. L'exposition aux rejets de cadmium de l'usine TLM a pu résulter de l'inhalation d'air et de poussières contaminées et de l'ingestion de produits alimentaires (légumes ou fruits) contaminés. Concernant les enfants, une contamination liée à l'ingestion par les contacts " mains-bouche " de poussières contaminées a également pu se produire. En effet, le cadmium rejeté par l'usine TLM s'est déposé sur les sols environnants contaminant notamment les jardins potagers. Afin d'évaluer les conséquences des rejets de cadmium pour la santé, le Comité Scientifique a proposé la mise en place : 1) D'une étude environnementale pour cerner et caractériser la zone polluée ; 2) D'une étude épidémiologique auprès des enfants de l'école Saint-Louis Gare jouxtant l'usine, des personnels de cette école et des adultes résidant dans le quartier Saint-Louis pour évaluer les niveaux d'exposition au cadmium de la population et étudier son impact sanitaire. (R.A.)

Année de publication : 2001
Pages : 146 p.