Surveillance épidémiologique suite à un rassemblement prolongé de personnes expulsées de leur logement, Place de la République, Mamoudzou (Mayotte), mai-juin 2016.

Publié le 31 octobre 2017
Mis à jour le 6 septembre 2019

Introduction : suite à des vagues d'expulsion de leur logement en mai 2016, une centaine de familles originaires des Comores ont été rassemblées sur la Place de la République à Mamoudzou (Mayotte, France). Dans ce contexte, une surveillance épidémiologique a été mise en place pour caractériser l'état de santé de cette population et détecter la survenue d'évènements sanitaires inhabituels. Matériel et méthode : le dispositif de surveillance reposait sur le recueil et l'analyse quotidienne de données d'activité des acteurs sanitaires présents sur le site (consultations des médecins du Centre hospitalier de Mayotte, poste de premiers secours de la Croix-Rouge, maraudes de Médecins du Monde). Une vérification du statut vaccinal vis-à-vis des vaccins diphtérie-tétanos-poliomyélite-coqueluche (DTPC), rougeole-oreillons-rubéole (ROR), hépatite B, BCG et pneumocoque (PnC) a été réalisée chez les enfants de moins de 17 ans, pour lesquels des actions de rattrapage vaccinal ont été proposées. Résultats : au total, entre le 27 mai et le 22 juin 2016, 283 consultations ont été rapportées par les différents acteurs sanitaires ; 73% de ces consultations concernaient des enfants de moins de 15 ans. Parmi les 178 diagnostics de consultations rapportés par les médecins du Centre hospitalier de Mayotte, 78% concernaient une pathologie infectieuse : 35% une gastro-entérite aiguë, 25% une infection des voies respiratoires hautes, 8% une pathologie cutanée, 6% une infection des voies respiratoires basses et 3% une autre pathologie infectieuse. Parmi les 80 enfants dont le statut vaccinal a pu être vérifié, seuls 30% avaient un statut vaccinal à jour pour les cinq vaccins. Conclusion : le dispositif de surveillance a permis de suivre l'état de santé de cette population évolutive caractérisée par la présence d'une majorité de jeunes enfants. Les conditions de vie extrêmement précaires dans lesquelles ces enfants ont vécu les ont fragilisés et exposés à un risque épidémique. Malgré une campagne de rattrapage vaccinal, seuls les deux tiers des enfants encore présents en fin de période ont bénéficié de ce rattrapage.

Auteur : Vilain P, Larsen C, Filleul L
Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire, 2017, n°. 24-25, p. 543-7