Conséquences sanitaires de l'explosion survenue à l'usine "AZF" le 21 septembre 2001. Rapport final sur les conséquences à un an dans la population des travailleurs et des sauveteurs de l'agglomération toulousaine

Publié le 1 juin 2007
Mis à jour le 6 septembre 2019

L'explosion de l'usine AZF, à Toulouse, est l'une des catastrophes industrielles les plus importantes de ces dernières décennies, en France. Les conséquences de cette explosion ont été majeures aussi bien du point de vue humain (30 morts, plusieurs milliers de blessés) que matériel. Les travailleurs et les sauveteurs de l'agglomération toulousaine ont été particulièrement exposés. Une enquête transversale par autoquestionnaire postal a été menée 12 mois après l'explosion. L'objectif était d'évaluer les conséquences à un an de la catastrophe. Toutes les entreprises recensées en zone proche (3 km autour du site AZF) ont été incluses. En zone éloignée (reste de la commune et de l'agglomération toulousaine), une stratification des entreprises, selon le secteur d'activité et la taille, a permis d'inclure un échantillon représentatif. Tous les sauveteurs des différents corps de métiers du département de la Haute-Garonne ont aussi été inclus. Parmi les travailleurs présents dans la zone proche, l'incidence des blessures physiques était de 14 % dans les deux sexes et diminuait avec l'éloignement de l'épicentre de l'explosion. Un travailleur sur cinq déclarait avoir eu des dégâts matériels au domicile. Concernant l'impact professionnel, 20 % des travailleurs déclaraient un lieu de travail inutilisable et 7 % un arrêt de travail en lien avec l'explosion. La prévalence de la symptomatologie de stress post-traumatique (SPT) était plus élevée chez les travailleurs de la zone proche (12 % chez les hommes et 18 % chez les femmes) que chez ceux de la zone éloignée (5 % et 9 %). Il existait un gradient de prévalence de SPT selon les professions et catégories socioprofessionnelles (PCS) en zone proche, mais pas en zone éloignée. En zone proche, la SPT était d'autant plus fréquente que les travailleurs étaient plus âgés, plus exposés (de manière immédiate ou différée) et qu'ils étaient artisans, employés ou ouvriers. L'impact en santé mentale était moindre parmi les sauveteurs, les prévalences de SPT étant de l'ordre de 5 % chez les hommes et de 2 % chez les femmes. La SPT n'était pas associée à l'âge ni aux PCS. Par contre, elle était plus fréquente chez les policiers ayant participé aux activités de sauvetage en rapport avec des blessés. Ce travail souligne l'impact durable de la catastrophe industrielle et révèle l'ampleur des conséquences psychologiques chez les travailleurs, plus particulièrement ceux des PCS les moins favorisées en zone proche. Ces résultats témoignent de la nécessité d'améliorer l'approche épidémiologique dans les situations de catastrophe, particulièrement par la prise en compte de la dimension sociale. Ils indiquent aussi qu'une attention particulière devrait être réservée à la préparation à la prise en charge des victimes, pour l'ensemble des sauveteurs. (R.A.)

Auteur : Diene E, Agrinier N, Santin G, Cohidon C, Schwoebel V
Année de publication : 2007