Incidence des cancers dans la population exposée à la pollution de la nappe phréatique au Nord-Ouest de Mulhouse de 1988 à 2002

Publié le 1 mai 2010
Mis à jour le 6 septembre 2019

La nappe d'Alsace au nord de Mulhouse est contaminée, suite à des accidents industriels, par un mélange complexe de produits dont le principal composé est le chloronitrobenzène. En 2007, une évaluation détaillée des risques réalisée par un des industriels, Rhodia, dans le cadre de la cessation d'activité du site ne concluait pas sur l'existence de risque sanitaire. Cependant, l'analyse critique réalisée par la Cire Est révélait de nombreuses incertitudes scientifiques de ce travail en l'absence de valeurs toxiques de référence validées pour les composés majoritairement retrouvés dans la nappe. En présence d'un doute sur un éventuel impact sanitaire, l'Institut de veille sanitaire a souhaité la mise en place d'une étude épidémiologique en partenariat avec le registre des cancers du Haut-Rhin, afin de rechercher un signal sanitaire pouvant être lié à cette pollution. L'objectif de cette étude était de rechercher une différence d'incidence des localisations cancéreuses retenues entre les secteurs exposés à la pollution de la nappe phréatique et le département du Haut Rhin entre 1988 et 2002. Cette étude exploratoire a mis en évidence une différence d'incidence statistiquement significative sur les secteurs d'étude pour une seule localisation cancéreuse étudiée : le cancer du poumon. Pour toutes les autres localisations étudiées, dont le foie, l'organe cible prédominant dans les études toxicologiques, les SIR ne diffèrent pas significativement de 1. Ces résultats ne sont pas en faveur de l'hypothèse d'un impact de la pollution de la nappe phréatique au Nord-Ouest de Mulhouse sur l'incidence des cancers dans la population exposée. En effet, des facteurs de risques sont précisément documentés pour le cancer du poumon (la consommation de tabac, la pollution atmosphérique) et des différences d'exposition à ces facteurs, parmi la population étudiée par rapport à la population du département peuvent expliquer cette différence d'incidence de faible ampleur. De telles observations sont insuffisantes pour être considérées comme un signal sanitaire. Aussi, il n'apparaît pas nécessaire de poursuivre les investigations épidémiologiques. Par ailleurs, le registre du cancer du Haut-Rhin qui existe depuis 1988 assure la surveillance spécifique nécessaire. (R.A.)

Auteur : Raguet S, Clinard F, Mouly D, Boyer S, Sauleau EA, Buemi A
Année de publication : 2010
Pages : 19 p.