Dépistage du saturnisme infantile en France entre 1995 et 2002

Publié le 1 novembre 2007
Mis à jour le 6 septembre 2019

Introduction : chez le jeune enfant, l'intoxication chronique par le plomb peut être responsable d'une anémie et d'une déficience persistante des fonctions cognitives. La source d'intoxication est généralement la peinture à la céruse des logements anciens et dégradés. L'objectif principal de cette étude était de recenser le nombre d'enfants dépistés ainsi que le nombre de nouveaux cas de saturnisme infantile en France et de décrire leur distribution temporelle et spatiale. Il s'agissait en outre d'étudier les facteurs associés à une valeur élevée de la plombémie. Méthodes : la population d'étude était constituée de l'ensemble des enfants âgés de moins de 18 ans, vivant en France et dont la plombémie a été mesurée au moins une fois entre 1995 et 2002. La source de données était le Système national de surveillance du saturnisme infantile (SNSSI), dispositif d'enregistrement des plombémies et des caractéristiques sociodémographiques et médicales des enfants. Résultats : au total, 36 151 enfants (35/100 000 enfants par an) ont eu une première mesure de leur plombémie entre 1995 et 2002. La plupart d'entre eux (95 %) avaient moins de 7 ans. Parmi les enfants testés, 5 974 nouveaux cas de saturnisme ont été diagnostiqués, ce qui correspond à un taux d'incidence moyen annuel de 5,9/100 000 personnes-années. La majorité (87 %) résidait en Ile-de-France, Rhône-Alpes ou Nord-Pas-de-Calais et 66 % des nouveaux cas vivaient à Paris ou dans sa banlieue. Le pourcentage d" enfants ayant une plombémie supérieure au seuil de 100 ug/L est passé de 24,5 % en 1995 à 8,5 % en 2002. Les deux tiers des enfants dépistés (64 %) vivaient dans des logements anciens et dégradés et, parmi eux, 1 sur 6 était atteint de saturnisme. Conclusions : l'incidence du saturnisme infantile diminue régulièrement depuis 1995. Néanmoins, l'activité de dépistage du saturnisme infantile reste très hétérogène. Même si les facteurs de risque du saturnisme ne sont pas également répartis sur tout le territoire (habitat ancien dégradé et sites industriels, notamment), de nombreux enfants exposés au plomb n'ont pas eu de mesure de leur plombémie et tous les cas d'intoxication n'ont pas été identifiés.

Auteur : Canoui Poitrine F, Lecoffre C, Garnier R, Pulce C, Sabouraud S, Mathieu Nolf M, Cezard C, Harry P, Lagarce L, Poisot D, Bretin P
Environnement risques & santé, 2007, vol. 6, n°. 6, p. 425-32