Modalités de surveillance : indicateurs

Publié le 7 avril 2006

Indicateurs de la RATB

La surveillance de la résistance aux antibiotiques fait appel à de nombreux indicateurs, variables selon les espèces bactériennes et les antibiotiques étudiés. Pour la prioriser, des couples bactérie-antibiotique pertinents ont été définis par les microbiologistes en fonction de l'importance thérapeutique des molécules et du niveau de résistance à celles-ci. Sur le même principe, des couples levures - antifongiques sont étudiés. Le niveau de résistance d'une bactérie à un antibiotique est mesuré par différentes techniques (diamètre d'inhibition, concentration minimale inhibitrice, etc.). Il est ensuite traduit en classes semi-quantitatives (sensible, intermédiaire ou résistant) pour le clinicien en fonction de valeurs critiques définies en France par le comité de l'antibiogramme de la société française de microbiologie (CA-SFM). Les indicateurs produits peuvent cibler soit les bactéries de sensibilité diminuée (intermédiaires et résistantes), soit uniquement les bactéries résistantes. La multirésistance concerne les bactéries plus particulièrement responsables d'infections nosocomiales, mais aussi celles responsables d'infections communautaires. La survenue de multirésistance est  une étape vers l'impasse thérapeutique. Une bactérie est dite multirésistante aux antibiotiques lorsque, du fait de l'accumulation de résistances acquises à plusieurs familles d'antibiotiques, elle n'est plus sensible qu'à un petit nombre de molécules utilisables en thérapeutique. Enfin, pour la tuberculose en particulier, les données de résistances sont stratifiées selon que les cas ont déjà ou jamais été traités par les antibiotiques de référence.Deux types d'indicateurs sont couramment calculés pour quantifier la résistance bactérienne aux antibiotiques

Proportion au sein de l'espèce

La proportion de résistance au sein de l'espèce est généralement le premier indicateur utilisé. Cet indicateur peut être produit directement à partir des laboratoires mais il repose sur deux pré-requis : un recueil d'information identique pour les souches résistantes et non résistantes et un travail de dédoublonnage des souches identifiées pour un même patient sur la période d'étude. Cet indicateur est très parlant pour les non spécialistes et est utilisé par les cliniciens pour guider leurs prescriptions.

Incidence

L'incidence est utilisée pour refléter la dynamique de diffusion des infections à bactéries résistantes aux antibiotiques. En milieu hospitalier ou communautaire, le dénominateur pour l'incidence cumulée sera le nombre de patients admis (l'indicateur est alors applicable aux seuls établissements de court séjour) ou le nombre d'habitants. En période épidémique et lorsque le dénominateur est un nombre de personnes (patients admis ou habitants), l'incidence cumulée est appelée le taux d'attaque.Pour la densité d'incidence (DI), utilisée surtout en milieu hospitalier, le dénominateur sera le nombre de journées d'hospitalisation. Cet indicateur est le plus adapté pour suivre la dynamique de diffusion à long terme et évaluer l'impact des mesures de prévention du programme de lutte contre les bactéries multirésistantes.

Périodicité et échelon

Actuellement, les données disponibles sont principalement des données nationales mises à jour chaque année. L'émergence et à la diffusion des bactéries résistantes aux antibiotiques sont des phénomènes dont la dynamique est lente. Ainsi, une surveillance annuelle permet un suivi suffisant de l'évolution des résistances bactérienne en France. C'est cette périodicité qui est retenue au niveau européen et dans la grande majorité des pays.Quelques réseaux de surveillance nationaux ont une couverture suffisante pour réaliser des analyses régionales et ont montré des disparités d'une région à l'autre (par exemple le réseau BMR-Raisin pour l'incidence des SARM ou des EBLSE). La mise à disposition de données régionales représentatives sur la résistance aux antibiotiques est à encourager car elle a un intérêt pour les prescripteurs. Ces disparités régionales restent cependant à mieux comprendre.