Reconstitution de cohortes rétrospectives sur l'usage de drogues à partir de données transversales.

Publié le 1 août 2014
Mis à jour le 11 juin 2019

Introduction.- En France, les enquêtes transversales répétées ESCAPAD (Enquête sur la santé et les comportements lors de l'appel de préparation à la défense) et Baromètre santé mesurent la prévalences des comportements de santé chez les adolescents et les adultes. Cependant, ces enquêtes ne sont en théorie pas adaptées à l'étude de phénomènes temporels comme des trajectoires d'usage de substances psychoactives. Ce travail rapporte l'expérience d'une exploration des transitions entre usages de tabac, alcool, cannabis et autres drogues illicites (ADI) grâce à la reconstitution de cohortes rétrospectives. Méthodes.- Les données d'ESCAPAD et des Baromètres santé (années 2005 et 2010) ont été utilisées. Les âges rapportés d'initiation des différentes substances ont permis de définir des étapes d'usages (niveaux d'usage pour une substance donnée ou séquences d'usages entre différentes substances). L'analyse des transitions entre usages a été réalisée à l'aide d'analyses de survie utilisant des modèles multi-états prenant en compte certains cofacteurs. Résultats.- Les données recueillies ont permis de décrire avec précision les processus d'usage de substances psychoactives et d'explorer plusieurs hypothèses comme la théorie de l'escalade et le modèle de vulnérabilité commune aux addictions. Les résultats, dans l'ensemble robustes et reproductibles d'une enquête à l'autre, satisfaisaient à certains critères de causalité : force et stabilité des associations observées, effets dose-réponse, cohérence avec la littérature et relations temporelles. Conclusion.- La reconstitution de cohortes rétrospectives à partir des grands échantillons des enquêtes nationales de prévalence apparaît comme un procédé fiable et peu coûteux pour explorer les trajectoires d'événements de santé. En ce qui concerne les usages de substances psychoactives, les biais de mémorisation apparaissaient relativement limités. Cette approche rétrospective ne saurait remplacer les enquêtes de cohorte prospectives mais peut s'avérer très utile, en raison de son bon rapport efficacité/coût, pour explorer certaines hypothèses ou mener des enquêtes internationales comparant plusieurs pays. Source : poster cité dans la "Revue d'épidémiologie et de santé publique" supplément 4, numéro 62.

Conférence Francophone d'Epidémiologie Clinique (EPI-CLIN), Bordeaux, 14-16 mai 2014

Auteur : Mayet A., Legleye S., Beck F., Falissard B., Chau N.
Année de publication : 2014