Enquête sur les méthodes de diagnostic des E. Coli Enteropathogènes et des E. Coli enterohemorragiques dans les laboratoires d'analyses biologiques et médicales en France en 2003

Publié le 1 décembre 2005
Mis à jour le 5 juin 2019

En France, la surveillance des infections à Escherichia coli producteurs de shigatoxines (STEC) est basée sur la surveillance du syndrome hémolytique et urémique (SHU) post-diarrhéique chez l'enfant âgé de moins de 15 ans, mise en place en 1996. Après huit années de fonctionnement, cette surveillance a été évaluée pour juger de sa pertinence et apporter, si besoin, les modifications nécessaires. En complément de cette évaluation, et compte tenu du potentiel épidémique des infections à STEC, il a été suggéré d'étudier la faisabilité d'étendre la surveillance des SHU à celle d'autres pathologies provoquées par les STEC, en particulier les diarrhées sanglantes. Afin de contribuer à la discussion sur la faisabilité et les modalités d'une telle surveillance, une enquête, qui fait suite à une enquête déjà réalisée en 1997, a été réalisée auprès de 927 laboratoires d'analyses biologiques et médicales, correspondant à la totalité des 418 laboratoires hospitaliers et à un échantillon de 509 laboratoires privés sélectionnés aléatoirement. Cette enquête, qui consistait en l'envoi, à chacun des laboratoires sélectionnés, d'un questionnaire standardisé, avait pour objectifs de réaliser un inventaire des différentes méthodes de recherches des E. coli enteropathogènes (EPEC) et E. coli enterohémorragiques (EHEC) utilisées en routine, d'estimer le nombre de recherches réalisées en 2003 et le nombre de résultats positifs, et de connaître les raisons pour lesquelles ces examens sont peu ou pas réalisés. Parmi les 357 (39%) laboratoires ayant participé à l'enquête (192 laboratoires hospitaliers et 165 laboratoires privés), 215 (60%) ont réalisé la recherche d'EPEC ou d'EHEC. Une majorité d'entre eux (66%) réalisent ces examens à la demande du clinicien ou systématiquement pour toute coproculture, et surtout en présence de diarrhée chez l'enfant âgé de moins de 2 ans. La recherche de E. coli O157 est plus fréquemment réalisée lors de diarrhée sanglante chez l'enfant ou lors de SHU (55-60%). Cependant, seulement 36% des laboratoires ont répondu avoir recherché E. coli O157 en 2003. Seize laboratoires (tous hospitaliers) caractérisent la virulence des souches de EHEC, par recherche par PCR des gènes codant pour les shigatoxines, et seulement 39% des laboratoires transmettent des sérums au Centre National de référence (CNR) des E. coli et Shigella pour un sérodiagnostic d'infections à EHEC. Les principales raisons citées par les laboratoires ne réalisant pas la recherche des EPEC ou EHEC étaient la non disponibilité et méconnaissance des techniques, le peu de connaissances sur l'importance des infections à EHEC chez l'homme, et l'absence de demande spécifique des cliniciens. En conclusion, cette enquête révèle que la recherche des EPEC ou EHEC reste peu pratiquée en France, du fait de la rareté des infections à STEC, en dehors du SHU, et de la non disponibilité et de la complexité des techniques à mettre en oeuvre pour réaliser l'identification complète d'un STEC. Au vu de ces résultats, et dans l'état actuel des pratiques de recherche des EPEC et EHEC, une surveillance nationale des infections à STEC, reposant sur un réseau représentatif de laboratoires, n'est donc pas encore réalisable. Cependant, cette enquête a permis d'identifier des actions précises (élaboration d'un protocole de recherche des STEC, appui technique aux laboratoires) afin d'améliorer le diagnostic des infections à STEC. Ces actions seront mises en oeuvre en collaboration avec le CNR des E. coli et Shigella et le laboratoire associé au CNR. (R.A.)

Auteur : Espie E, Vaillant V, Grimont F, Mariani Kurkdjian P
Année de publication : 2005
Pages : 29 p.