Étude des déterminants de la vaccination antigrippale chez le personnel des Centres hospitaliers de Vichy et Montluçon (Allier). Novembre 2004

Publié le 1 décembre 2005
Mis à jour le 6 septembre 2019

La grippe est responsable en France de milliers de décès par an chez les personnes fragilisées. La vaccination antigrippale est recommandée pour ces personnes et pour les professionnels de santé qui risquent de transmettre la maladie aux patients. Cependant, chez le personnel hospitalier, la couverture vaccinale antigrippale reste faible et les facteurs influençant le recours à la vaccination sont mal connus. Une étude a été menée aux Centres hospitaliers de Vichy et Montluçon afin d'identifier les déterminants de la vaccination antigrippale chez le personnel. Une étude cas-témoin a été conduite dans les deux hôpitaux de Vichy et Montluçon en novembre 2004. Les cas ont été tirés au sort parmi le personnel hospitalier salarié des deux hôpitaux ayant reçu la vaccination antigrippale par la médecine du travail lors de la campagne vaccinale 2004-2005. Les témoins ont été tirés au sort parmi le personnel n'ayant pas reçu cette vaccination. Cas et témoins ont été interrogés en face-à-face sur leurs lieux de travail à l'aide d'un questionnaire standardisé évaluant les connaissances et perceptions. Les déterminants de la vaccination antigrippale ont été analysés par régression logistique multiple. Cette approche a été complétée par la tenue, préalablement à l'étude, de groupes focaux avec des personnels volontaires des deux hôpitaux. Au total, 402 membres du personnel ont participé à l'étude : 144 cas et 258 témoins. En analyse multivariée, la vaccination antigrippale était significativement associée au fait d'avoir été vacciné contre la grippe en 2002 et en 2003 (OR=252, IC 95 % : 74-850) ou au moins une fois dans sa vie (OR=11 , IC 95 % : 5-26), de connaître l'existence d'une campagne de vaccination dans l'hôpital (OR=26, IC 95 % : 3-276) et de se sentir plus à risque d'attraper la grippe que les autres personnes (OR=4, IC 95 % : 2-11). La vaccination n'était pas associée à l'âge, au sexe ou à la profession. Par contre, penser que la vaccination antigrippale entraîne des effets secondaires et que les médecines alternatives sont au moins aussi efficaces que le vaccin ont été identifiés comme des obstacles (OR=0,2, IC 95 % : 0,1-0,5 ; OR=0,4, IC 95 % : 0,2-0,9 respectivement). Ces résultats sont concordants avec ceux retrouvés dans les études menées à l'étranger. Les groupes focaux permettent d'interpréter les principaux facteurs : la peur des effets secondaires est fortement liée à l'image de la vaccination contre l'hépatite B et l'efficacité du vaccin est souvent remise en doute. Par contre, l'habitude personnelle/ familiale de vaccination est jugée comme favorisant le recours à la vaccination. Les prochaines campagnes de vaccination devraient rassurer sur les effets secondaires associés à la vaccination antigrippale. Par ailleurs, une forte incitation auprès des personnels jamais vaccinés contre la grippe pourrait entraîner une première vaccination et permettre la mise en place d'un processus régulier. (R.A.)

Auteur : Gourvellec G, Riviere S, Helynck B
Année de publication : 2005
Pages : 41 p.