Grippe aviaire : vers un renforcement de la surveillance humaine pour détecter précocement toute transmission à l’être humain

Face à la dynamique actuelle de propagation de virus influenza aviaires hautement pathogène en Europe et en France, Santé publique France renforce sa surveillance afin de détecter précocement tout cas de transmission de ces virus à l’être humain.

Publié le 19 janvier 2024

Depuis octobre 2021, l'Europe subit l’épizootie d'influenza aviaire hautement pathogène (IAHP) la plus importante jamais connue, due à des virus H5Nx (quasi-exclusivement H5N1) du clade 2.3.4.4b. On observe par ailleurs, depuis l’automne, une nouvelle dynamique de propagation du virus de l’influenza aviaire hautement pathogène (IAHP) dans la faune sauvage migratrice (oies cendrées et bernache notamment) mais également dans des élevages de volaille et d’oiseaux captifs. 

En France, après une accalmie de plusieurs mois en élevages avicoles, plusieurs foyers en élevage ont été détectés depuis fin novembre 2023, ayant conduit le ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire à élever à son maximum le niveau de risque épizootique vis-à-vis de l’IAHP permettant ainsi de renforcer les mesures de prévention pour protéger les élevages avicoles. Dans ce cadre et au vu du contexte actuel en Europe et en France, une surveillance dite « active » de cas de grippe d’origine aviaire pour les personnes exposées à un foyer d’IAHP est testée dans quatre régions afin de détecter précocement toute transmission de l’animal à l’être humain Cette situation appelle à une vigilance renforcée chez les personnes exposées à ces virus ainsi qu’aux différents acteurs en santé animale et humaine.

Qu’est-ce que l’influenza aviaire ?

L’influenza aviaire est une maladie animale, causée par des virus influenza, qui touchent de très nombreuses espèces d’oiseaux. Ces maladies peuvent parfois se transmettre à d’autres espèces, dont l’être humain et de nombreuses espèces de mammifères sauvages ou domestiques. Cependant, la transmission de ces virus à l'homme demeure un phénomène rare et, aucun des virus influenza aviaires connus à l'heure actuelle n'est capable d'initier une transmission interhumaine soutenue.

A quoi sert la surveillance des cas humains de grippe d’origine aviaire ?

Depuis plusieurs années, Santé publique France a mis en place une surveillance des cas humains de grippe zoonotique. Cette surveillance repose sur le suivi des suspicions cliniques de grippe d’origine aviaire ou porcine (surveillance dite « passive ») signalées par les professionnels de santé. Elle a pour objectif de :

  • détecter le plus précocement possible tout cas symptomatique de grippe d’origine aviaire ou porcine chez l’être humain afin de mettre en place au plus vite une prise en charge médicale adaptée et des investigations visant à réduire le risque de transmission à d’autres personnes (isolement des cas confirmés et investigation des personnes-contacts et des co-exposées) ;
  • décrire et caractériser les cas humains d’infection par un virus influenza aviaire ou porcin. 

SAGA : un dispositif de surveillance renforcée

En complément de la surveillance ‘de routine’ le contexte actuel de l’influenza aviaire en France et au niveau international a incité à renforcer la surveillance de ces virus en lien avec les acteurs de la santé animale. Santé publique France a donc élaboré, en lien avec le ministère de la Santé et de la Prévention, la Direction Générale de l'Alimentation (DGAL), le Centre National de Référence (CNR) Virus des infections respiratoires et l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses), un protocole de surveillance dite « active » nommé SAGA (pour Surveillance Active de la Grippe Aviaire). Ce protocole vise à détecter précocement des cas de transmission zoonotique de l’animal à l’homme pour mieux les comprendre, et ainsi réduire les risques pour les personnes exposées et limiter la diffusion. Il est proposé aux personnes ayant été exposées à un foyer d’influenza aviaire hautement pathogène (IAHP) confirmé dans un élevage (y compris des personnes asymptomatiques) de répondre à quelques questions sur leurs expositions et de réaliser un prélèvement nasopharyngé. 

Ce dispositif est mis en place sous la forme d’une expérimentation pilote d’une durée de 4 mois dans quatre régions, Bretagne, Pays de la Loire, Occitanie et Nouvelle-Aquitaine et vise notamment à évaluer la faisabilité et la pertinence de ce type de surveillance dans le contexte national. 

Une priorisation des foyers à investiguer sera réalisée par les autorités sanitaires, en lien avec les acteurs en santé animale. Pour les personnes non investiguées, il leur sera recommandé de surveiller leur état de santé pendant les 10 jours suivant la dernière exposition au foyer. Deux foyers ont pu être investigués depuis le début de la mise en place du pilote début décembre avec une bonne adhésion des personnes exposées. L’ensemble des personnes testées étaient négatives pour l’influenza aviaire.

Prévenir le risque de transmission des virus de la grippe aviaire à l’être humain

En termes de prévention, Santé publique France, en lien avec plusieurs partenaires (DGS, DGAL, Anses, Mutuelle Sociale Agricole et Office français de la biodiversité), a également élaboré un dépliant d'information sur les grippes aviaire et porcine rappelant comment ces virus se transmettent, comment éviter d’être contaminé, et que faire en cas d’exposition à risque, notamment en cas d’apparition de symptômes. Le dépliant est disponible en téléchargement et à la commande.

La prévention du risque de transmission des virus influenza aviaires à l’être humain repose sur le port d’équipements de protection individuelle pour la manipulation d’oiseaux malades ou morts (gants étanches, lunettes de protection, masques FFP2), ainsi que sur l’ensemble des mesures de biosécurité lorsqu’un foyer se déclare (consulter le dépliant du Ministère de l’Agriculture). 

Dans le contexte actuel de circulation des virus influenza humains, aviaires et porcins sur le territoire national, il convient de rappeler l’importance de la vaccination contre la grippe saisonnière pour les professionnels exposés aux virus aviaires et porcins afin de limiter le risque de réassortiments entre des virus influenza humains et animaux. 

En savoir plus :

Situation européenne de l'influenza aviaire 

Situation française de l'influenza aviaire