Epidémiologie de l'endocardite infectieuse en France

Publié le 2 avril 2013
Mis à jour le 11 juin 2019

Contexte et objectifs. En 2002, les recommandations françaises concernant l'antibioprophylaxie de l'endocardite infectieuse (EI) ont été modifiées, limitant largement ses indications. L'objectif est d'évaluer si ces changements ont été suivis de modifications dans l'incidence et la présentation clinique de l'EI. Méthodes. Trois études populationnelles, menées sur plusieurs régions françaises totalisant 11 millions d'habitants et incluant de façon prospective tous les patients pris en charge pour une EI, ont été menées en 1991, 1999 et 2008. Les incidences standardisées sur l'âge et le sexe ont été comparées. Résultats. 993 cas d'EI ont été analysés (323 en 1991, 331 en 1999 et 339 en 2008). L'incidence est restée stable dans le temps, avec 35 (IC95%:[31-39]), 33 [30-37] et 32 [28-35] cas par million d'habitants respectivement en 1991, 1999 et 2008. La part des streptocoques oraux n'a pas augmenté dans la population générale comme dans la population sans valvulopathie antérieure. L'augmentation d'incidence des EI à Staphylococcus aureus (5,2 [3,9-6,8], 6,8 [5,3-8,6], et 8,2 [6,6-10,2]) n'est pas statistiquement significative dans la population générale (p=0,228) mais le devient pour le sous-groupe de patient sans valvulopathie connue (1,6 [0,9-2,7], 3,7 [2,6-5,1], et 4,1 [3,0-5,6] ; p=0,012) respectivement en 1991, 1999 et 2008. Conclusions. La restriction des recommandations dans la prophylaxie de l'EI ne s'est pas accompagnée d'une augmentation des EI à germes dentaires. En revanche, un effort devrait être fait pour éviter les bactériémies à S. aureus chez tous les patients, y compris ceux sans valvulopathie préexistante, pour diminuer l'incidence des EI. (R.A.)

Auteur : Revest M, Doco Lecompte T, Hoen B, Alla F, Selton Suty C, Duval X
Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire, 2013, n°. 10, p. 89-94