
Ce rapport présente une première analyse réalisée en août 2024 et consolidée en décembre 2024, en terme de bibliographie et de suivi de l'évolution du risque en Amérique Latine. En l'état des connaissances à la date de sa rédaction, l'infection par le virus Oropouche (OROV) est une des causes d'arbovirose les plus importantes en Amérique du Sud après la dengue avec 2 à 5 millions de personnes directement exposées. Cette importance contraste avec les connaissances parcellaires ou peu précises sur le cycle de transmission, les vecteurs, les hôtes et réservoirs animaux, les aspects cliniques, les formes asymptomatiques et l'épidémiologie de l'infection à OROV. L'OROV est un virus segmenté appartenant aux Orthobunyavirus, avec un important potentiel d'évolutivité/ d'émergence reposant notamment sur sa capacité de réassortiment. L'explosion et l'extension épidémique observées en 2023-2024 (incluant la Caraïbe) sont liées à un virus réassorti avec, pour la première fois, le signalement de décès et de formes materno-fœtales avec malformations, et ainsi que d'un possible risque de transmission sexuelle. Le virus a étendu sa zone de circulation sous l'influence de l'altération de l'environnement et de la biodiversité, de l'évolution démographique et de la mobilité humaine. Le vecteur principal connu et les vecteurs potentiels ont une distribution bien plus large que les foyers actuels, notamment en Guyane et en Martinique. Le risque d'importation à la faveur des voyages et de dissémination dans les Collectivités Françaises d'Amérique (CFAs) a été estimé être élevé en août et décembre 2024. Les Culicoides, moucherons vecteurs d'Orbivirus et d'Orthobunyavirus aux ruminants domestiques et sauvages (fièvre Catarrhale Ovine [FCO], maladie hémorragique épidémique (MHE), maladie à virus de Schmallenberg [SBV]) peuvent se disperser avec les vents sur de très longues distances au-dessus des masses d'eau et donc être responsables de l'introduction de virus sur des territoires indemnes. Ce mode de dissémination est à étudier pour C. paraensis dans le cadre de la transmission d'OROV. Le risque d'émergence de l'infection humaine à OROV dans les CFAS a pu être évalué dans ce rapport pour tous les CFAS sauf Saint Martin et Saint Barthélémy par manque de données. Le rapport conclut à un risque d'épidémie élevé en Guyane, Martinique et Guadeloupe, l'incertitude de cette analyse étant forte en Guyane et en Martinique et faible en Martinique. Le rehaussement sensible du risque pour les CFAs en 2024 souligne la nécessité de préparation, impliquant des mesures de gestion. Parmi celles-ci, les mesures à court terme concernent notamment la capacité diagnostique, la surveillance et l'alerte, la protection individuelle et collective contre les vecteurs, ainsi que les investigations épidémiologiques et entomologiques. Le niveau de risque estimé en août 2024 devra être réactualisé pour les CFAs dans les mois qui viennent en fonction de l'évolution de l'épidémie en Amérique du Sud et dans la Caraïbe. Il n'existe pas de traitement ou vaccin spécifique contre la maladie à virus Oropouche et le traitement est symptomatique.
Auteur : Desenclos Jean-Claude, Paty Marie-Claire, De Valk Henriette
Année de publication
: 2025
Pages : 61 p.
Collection : État des connaissances