Exposition au plomb en lien avec la pratique du tir sportif dans deux sociétés de tir du Doubs (25)

Publié le 18 décembre 2024
Mis à jour le 29 novembre 2024

En juin 2019, l'Agence régionale de santé de Bourgogne-Franche-Comté a sollicité Santé publique France afin d'apporter un appui technique et méthodologique pour la gestion de la contamination au plomb découverte concomitamment par deux clubs de tir de loisir distants de 15 kilomètres autour de Besançon, certains tireurs présentant des plombémies élevées. Une étude transversale a été réalisée auprès des adhérents de ces deux sociétés de tir sportif, avec pour objectif d'évaluer leur exposition biologique au plomb. Ces personnes ont été invitées à se faire prescrire une plombémie et à compléter un questionnaire individuel en ligne afin de faire connaître à Santé publique France le(s) résultat(s) de plombémie, leur pratique du tir et d'éventuelles expositions connues au plomb. Au terme de l'enquête en février 2020, 41 tireurs adultes de la Société A (15 % des 269 adultes adhérents en 2018-2019) et 92 tireurs adultes de la Société B (32 % des 289 adultes adhérents en 2018-2019) ont rempli un questionnaire individuel en ligne et ont effectué au moins une plombémie. Respectivement 60 % et 40 % des tireurs des sociétés A et B présentaient des plombémies supérieures au seuil de 70 µg/L définissant la surexposition au plomb pour un adulte. Les tireurs exposés étaient majoritairement des adultes masculins. L'imprégnation au plomb augmentait avec la fréquentation des stands de tir. Certaines pratiques comme " participer au nettoyage des stands " ou " manger sur place " étaient associées à des plombémies élevées. L'élimination du plomb était lente, de l'ordre d'une année sans exposition pour diminuer de moitié la charge en plomb des tireurs. La mise en évidence de plomb dans les stands de tir n'est pas une découverte récente. Les tireurs professionnels bénéficient déjà d'un suivi médical. Mais ce risque d'exposition au plomb tend à être sous-estimé lorsqu'il se déroule exclusivement dans un cadre associatif et de loisir, cette population ne faisant l'objet d'aucune surveillance. La prise de conscience du problème passe d'abord par une bonne information et sensibilisation des tireurs. Mais il restera difficile de convaincre les pratiquants de prendre des mesures pouvant être vécues comme contraignantes pour eux-mêmes et/ou onéreuses pour les clubs, alors même que les effets du plomb restent souvent peu visibles à l'échelle individuelle. Seule à même de révéler les expositions individuelles excessives au plomb, une réflexion devrait être engagée pour évaluer le bénéfice d'une surveillance biologique régulière des tireurs de loisir.

Auteur : Clinard François, Angulo Élodie, Chêne Sonia, Koczorowski Magali, Retel Olivier
Année de publication : 2024
Pages : 38 p.
Collection : Études et enquêtes