L'épidémie de Covid-19 et les mesures mises en œuvre au printemps 2020 pour en limiter la propagation ont pu avoir un impact important sur les conditions de travail et l'état de santé des travailleurs. L'étude SAPRIS visant à appréhender les principaux enjeux épidémiologiques et sociaux de l'épidémie de Covid-19, a été lancée par l'Inserm en avril 2020 au sein de quatre grandes cohortes généralistes, dont la cohorte Constances. Cette cohorte, qui suit plus de 200 000 adultes, offrait l'opportunité d'évaluer cet impact, et de décrire l'état de santé dans une population de travailleurs salariés issus du régime général. L'analyse présentée porte sur les répondants actifs au premier questionnaire Constances-SAPRIS et décrit la situation d'activité et les modifications des conditions de travail de la population d'intérêt, ainsi que les modifications de comportements et l'état de santé en termes de santé générale perçue, de troubles anxieux et dépressifs. Ces résultats ont été mis en regard de ceux obtenus auprès des travailleurs agricoles et des indépendants dans le cadre du programme Coset. Les résultats montrent que près d'un salarié du régime général sur cinq a cessé toute activité professionnelle mi-avril 2020, particulièrement les employés et les ouvriers. Ceux qui ont poursuivi une activité ont été fortement concernés par le télétravail, essentiellement les cadres et des professions intermédiaires. Les résultats d'étude mettent en lumière le tableau d'une population salariée (du Régime général), affectée par le confinement en termes d'arrêt de travail ou de modification du temps de travail, mais globalement moins que la population des indépendants non-agricoles. Une augmentation de la consommation d'alcool a concerné près d'un salarié sur quatre, particulièrement ceux ayant travaillé exclusivement en distanciel. Concernant la santé mentale, on observe principalement que, chez les femmes, les troubles anxieux étaient plus fréquents chez celles ayant conservé une activité présentielle et que, chez les hommes, les troubles dépressifs étaient plus fréquents chez ceux ayant cessé toute activité. Les observations dans cette période particulière sont le reflet global de l'isolement social, d'une certaine " éviction " du lieu de travail et des modifications des conditions de travail. Il serait utile de documenter à plus long terme et en dehors du contexte épidémique l'impact sur la santé et l'organisation du travail des nouvelles modalités d'exercice professionnel initiées à l'occasion de cette période de crise.
Auteur : Geoffroy Béatrice, Marchand Jean-Luc, Adélaïde Lucie
Année de publication
: 2023
Pages : 44 p.
Collection : Études et enquêtes