Impact sanitaire de la pollution atmosphérique sur l'agglomération de Grenoble

Publié le 1 septembre 2006
Mis à jour le 6 septembre 2019

L'évaluation de l'impact sanitaire (EIS) de la pollution atmosphérique urbaine sur l'agglomération de Grenoble s'inscrit dans le cadre de l'élaboration du Plan de protection de l'atmosphère (PPA), dont l'objectif est de mettre en oeuvre un plan de réduction des émissions afin de respecter les limites réglementaires et de minimiser ainsi l'impact sanitaire. Dans cette étude, l'impact sanitaire à court terme de la pollution atmosphérique est calculé en termes de mortalité anticipée et de morbidité (admissions hospitalières). L'impact sanitaire à long terme est estimé par le nombre de décès attribuables à la pollution atmosphérique. La zone d'étude est composée des 45 communes du PPA, qui représentent une population totale de 459 001 habitants et qui correspond à une zone urbaine où l'exposition de la population à la pollution atmosphérique de fond peut être considérée comme homogène. La période d'étude s'étend sur l'année tropique 1999-2000 (du 1/10/1999 au 30/09/2000), qui peut être considérée comme "standard" en terme de pollution. Celle étude repose sur la méthodologie de l'EIS de la pollution atmosphérique urbaine proposée par l'Institut de veille sanitaire (InVS), qui se déroule en quatre étapes identification des dangers, choix des relations exposition-risque, estimation de l'exposition et caractérisation du risque. Les indicateurs de pollution retenus sont construits à partir des quatre polluants mesurés en routine sur la zone : dioxyde de soufre (S02), dioxyde d'azote (NO2), ozone (O3) et particules (PM10). Les relations exposition-risque utilisées sont issues d'études épidémiologiques réalisées en population générale, en privilégiant les études multicentriques et européennes. L'impact sanitaire à court terme de la pollution atmosphérique sur l'année tropique 1999-2000 s'élève à 67 [47-87]décès anticipés (dont 25 [10-38] de cause cardio-vasculaire et 7 [3-11] de cause respiratoire), 18 [9-32] admissions hospitalières pour motif respiratoire, 105 [62-147] admissions hospitalières pour motif cardio-vasculaire en hiver et 58 [34-82] en été. Les différents scénarios de réduction de la pollution atmosphérique montrent que les gains sanitaires les plus importants sont obtenus avec une diminution de 25 % du niveau moyen annuel de pollution. L'impact sanitaire à long terme de la pollution atmosphérique s'élève à 155 [93-221] décès annuels. Les différents scénarios de diminution de la pollution atmosphérique montrent que la norme européenne applicable en 2005 est d'ores et déjà respectée. Le respect de la norme européenne prévue en 2010 devrait cependant entraîner un gain sanitaire de 28 %; quant à une diminution de 25 % du niveau moyen annuel de pollution, elle entraînerait un gain sanitaire de 42 %. Compte tenu des incertitudes et des limites de la méthodologie utilisée, les résultats doivent être interprétés comme des ordres de grandeur de l'impact de la pollution atmosphérique sur la santé de la population de la zone étudiée. Cependant, cette étude montre que même si les risques relatifs associés à la pollution atmosphérique sont faibles, la proportion importante de personnes exposées aboutit à un impact collectif non négligeable. Elle montre également que les effets sanitaires apparaissent déjà à des niveaux de pollution bien inférieurs à ceux pour lesquels les mesures de gestion sont prises actuellement et que les actions les plus efficaces seraient donc celles qui associeraient une réduction des émissions à la source de façon quotidienne à une diminution importante du nombre de pics annuels de pollution.

Auteur : Thabuis A, Fournier E
Année de publication : 2006
Pages : 52 p.