Survie des personnes atteintes de cancer en Guadeloupe 2008-2018

Publié le 29 février 2024
Mis à jour le 1 février 2024

Indicateur clé pour l'observation et la surveillance épidémiologique des cancers avec l'incidence, la mortalité et la prévalence, la survie est essentielle pour évaluer le système de santé dans sa globalité et mesurer l'impact des politiques publiques en matière de prévention, de dépistage, et de soins. Il s'agit de la première étude de survie réalisée à partir des données des registres pour la Guadeloupe, la Martinique et La Réunion. Ces résultats présentés dans des publications distinctes pour chaque département, proposent des estimations de la survie à 1 et 5 ans après le diagnostic de cancer pour dix localisations cancéreuses et comparent ces estimations à celles réalisées dans l'Hexagone publiées entre septembre 2020 et juillet 2021. Les éléments essentiels de la méthode utilisée font l'objet d'un document distinct. Le choix a été fait de commenter les résultats pour chaque localisation puis de donner des éléments de comparaison avec l'Hexagone pour mieux comprendre les spécificités rencontrées sur le territoire. En cancérologie, si l'incidence des cancers est globalement inférieure à celle de l'Hexagone, certaines localisations cancéreuses sont en sur-incidence au premier rang desquelles, le cancer de la prostate, qui représente plus de 33 % de tous les cas de cancers chaque année. Des incidences plus élevées que dans l'Hexagone sont aussi retrouvées pour le cancer de l'estomac, du col de l'utérus et dans une plus faible mesure les myélomes multiples. Par ailleurs, en Guadeloupe et en Martinique, des inégalités sociales d'incidences ont été mises en évidence pour certaines localisations. Les études de survie présentées ici fourniront des données complémentaires essentielles pour une adaptation des mesures de la stratégie décennale de lutte contre les cancers 2021-2030 sur ces territoires. En Guadeloupe, pour les dix localisations cancéreuses étudiées, la survie nette standardisée (SNS) à 5 ans des cancers est globalement inférieure à celle de l'Hexagone mais les résultats montrent de grandes disparités selon la localisation : les écarts de survie 5 ans après le diagnostic varient ainsi de moins 20 points de pourcentage pour le cancer du corps de l'utérus (en défaveur de la Guadeloupe) à plus 1 point de pourcentage pour le cancer de la prostate. En termes de pronostic, on peut répartir ces dix cancers en 3 catégories selon la SNS à 5 ans. Les cancers de bon pronostic pour lesquels la SNS est supérieure à 65 %. C'est le cas du cancer de la prostate (94 %) dont la survie est similaire à celle de l'Hexagone (93 %). C'est aussi le cas pour le cancer du sein chez la femme avec une SNS de 79 % qui reste cependant inférieure à celle de l'Hexagone (88 %). Les cancers de pronostic intermédiaire pour lesquels la SNS se situe entre 35 % et 65 %. Le cancer colorectal (57 %), les cancers du corps (55 %) et du col de l'utérus (57 %) ainsi que les myélomes multiples et plasmocytomes (51 %) répondent à ce critère. La différence de SNS la plus importante dans ce groupe est retrouvée pour le cancer du corps de l'utérus avec 20 points de pourcentage de moins que la SNS dans l'Hexagone (74 %). Les cancers de mauvais pronostic dont la SNS est inférieure à 35 %. Les cancers de l'ensemble lèvrebouche- pharynx (35 %), le cancer de l'estomac 30 %, le cancer du poumon (14 %) et le cancer de l'oesophage (5 %) font partie de cette catégorie. Les différences de SNS avec l'Hexagone sont significatives, avec des survies nettes plus basses en Guadeloupe, pour les personnes atteintes de cancers de l'ensemble lèvre-bouche-pharynx, le cancer de l'oesophage et du poumon. La SNS des personnes atteintes du cancer de l'estomac est identique à celle observée dans l'Hexagone. Pour la majorité des cancers étudiés, les taux de mortalité en excès sont maximums au moment du diagnostic et durant les 2-3 années suivant le diagnostic. Différents facteurs liés à l'individu (âge au diagnostic, comorbidités), à la maladie (stade au diagnostic, lourdeur des traitements) ou à l'offre de soins (délai de prise en charge liés au plateau technique) peuvent être à l'origine des écarts de SNS constatés et doivent faire l'objet d'analyses supplémentaires, notamment pour les localisations où les différences sont les plus importantes.

Auteur : Deloumeaux Jacqueline, Joachim Clarisse, Chirpaz Emmanuel, Imounga Desroziers Laure Manuella, Bhakkan-Mambir Bernard, Peruvien Jessica, de Brauer Camille, Lecoffre Camille, Coureau Gaëlle, Mounier Morgane, Trétarre Brigitte, Dantony Emmanuelle, Uhry Zoé, Monnereau Alain, Remontet Laurent, Molinié Florence
Année de publication : 2024
Pages : 44 p.
Collection : Données de surveillance