Infections invasives à méningocoque : recrudescence de cas en France en 2023

Santé publique France publie ses données annuelles de surveillance des infections invasives à méningocoque en 2023, marquées par une recrudescence du nombre de cas déclarés et des évolutions contrastées pour les différents sérogroupes et classes d’âge.

Publié le 9 avril 2024

Les infections invasives à méningocoque (IIM) sont des infections bactériennes dues au méningocoque. Elles sont très graves et peuvent provoquer une méningite ou une septicémie. Santé publique France surveille l’évolution de la situation épidémiologique en France et publie chaque année un bilan de cette surveillance qui est essentielle pour détecter toute situation inhabituelle.

Le bilan 2023 montre une recrudescence des cas avec une forte augmentation des IIM W et Y à des niveaux jamais observés auparavant, marquant des changements importants dans l’épidémiologie des IIM suite à la pandémie de COVID-19. Ces résultats pointent les classes d’âge les plus à risque d’infection et soulignent l’enjeu d’atteindre une couverture vaccinale élevée dans les groupes ciblés par les recommandations de vaccination contre les méningocoques.

Les données issues de cette surveillance ont été utiles pour les travaux de la Haute autorité de santé sur la révision de la stratégie vaccinale contre les méningocoques.

Un pic précoce du nombre de cas d’infections invasives à méningocoque durant l’hiver 2022-2023

Après plusieurs années de faible incidence, la saison hivernale 2022-2023 a été marquée par un pic précoce et très élevé de cas d’IIM (avec notamment 89 cas en décembre 2022 et 80 cas en janvier 2023). Le nombre mensuel de cas s’est maintenu à des niveaux élevés pendant tout le premier semestre 2023 avant de revenir à des niveaux comparables aux années pré-pandémiques à partir du second semestre.

En 2023, 560 cas d’infections invasives à méningocoque ont été déclarés, soit une augmentation de 72% par rapport à 2022. Parmi eux, 44% étaient liés au sérogroupe B, 29% au sérogroupe W et 24% au sérogroupe Y. La présence d’un purpura fulminans était rapporté pour 18% des cas d'IIM (23% pour les IIM B, 16% pour les IIM W, et 11% pour les IIM Y).

Les nourrissons et jeunes enfants restaient les plus à risque d’IIM B. Les IIM W affectaient à la fois les nourrissons et les adultes de différents groupes d’âges tandis que les IIM Y était plus fréquentes chez les personnes âgées mais affectaient également les adultes les plus jeunes. 

Les taux d’incidence des cas déclarés étaient contrastés en fonction de la région de résidence.

Nombre de cas d'infections invasives à méningocoque selon les principaux sérogroupes, France entière, 2016-2023
Nombre de cas d'infections invasives à méningocoque selon les principaux sérogroupes, France entière, 2016-2023

Des évolutions contrastées pour certains types d’infections invasives à méningocoque

Parmi les quatre sérogroupes existants, les IIM B comptabilisent le plus de cas avec 240 cas en 2023, suivi des IIM W (160), des IIM Y (130), tandis que les IIM C sont devenues rares (5).

Forte augmentation des IIM W et des IIM Y à des niveaux qui n’avaient jamais été observés auparavant

Pour les sérogroupes B/W/Y, le nombre de cas d’infections invasives à méningocoque a augmenté fortement chez les adultes âgés de 25 ans et plus, alors que le rebond en 2022 avait initialement été observé chez les jeunes adultes de 15-24 ans. L’augmentation en 2023 était particulièrement marquée chez les personnes âgées de 60 ans et plus. Les IIM W étaient associées à une létalité élevée (19% avec 31 décès) par rapport aux autres sérogroupes (7% pour les IIM B et 8% pour les IIM Y).

Chez les nourrissons de moins de 1 an et les enfants de 1 à 4 ans, les IIM B restaient majoritaires représentant près de 60% des cas mais légèrement inférieurs à 2022 (67%), tandis que les IIM Y et W représentaient une part croissante de cas avec 41% des cas chez les moins de 5 ans (vs 30% en 2022). Chez les plus de 15 ans, les IIM W et Y augmentaient avec l’âge. Les personnes âgées étaient les plus affectées par les IIM Y.

Cette recrudescence post-COVID-19 pourrait s’expliquer par la baisse de l’immunité dans la population moins exposée aux méningocoques pendant la pandémie, mais aussi par le retour des virus respiratoires (en particulier la grippe) pouvant favoriser les infections invasives bactériennes. Par ailleurs, l’évolution différente selon l’âge pourrait refléter une réintroduction des méningocoques ayant d’abord touché les jeunes adultes chez lesquels le portage est plus fréquent, suivie par une transmission vers les classes d’âge supérieures.

Vaccination et évolution de la stratégie vaccinale contre les méningocoques 

La vaccination contre les infections à méningocoque de sérogroupe C est recommandée depuis 2010 chez les nourrissons et en rattrapage jusqu’à l’âge de 24 ans. La vaccination contre les infections invasives à méningocoque de sérogroupe B est recommandée depuis 2022 à tous les nourrissons. Il existe également des recommandations spécifiques pour les personnes à risque ou des situations spécifiques.

Dans le cadre de ses travaux de révision de la stratégie de vaccination contre les méningocoques et suite aux dernières données publiées par Santé publique France, la Haute autorité de santé a formulé plusieurs recommandations :

  • En ce qui concerne la vaccination contre les sérogroupes A, C, W et Y : vaccination obligatoire chez tous les nourrissons de moins d’un an, en remplacement de la vaccination dirigée contre le seul sérogroupe C, selon un schéma vaccinal à deux doses. Pour les adolescents et jeunes adultes : vaccination tétravalente selon un schéma à une dose administrée entre 11 et 14 ans et ce, qu’ils aient déjà été vaccinés ou non, ainsi qu’un rattrapage vaccinal chez les 15-24 ans.
  • Concernant le sérogroupe B : vaccination obligatoire chez les nourrissons de moins d’un an.

En savoir plus sur : recommandations vaccinales de la Haute Autorité de santé

En savoir plus

Infections invasives à méningocoque en France en 2023

En savoir plus