Borréliose de Lyme et prévention des piqûres de tiques : où en est-on en France ?

C’est le début de la saison à risque de piqûre de tique en France. Une journée de sensibilisation sur la borréliose de Lyme et les autres maladies transmises par les tiques est organisée le 25 mai 2023 par les centres de référence les  prenant en charge, l’occasion pour Santé publique France de faire un point sur la situation et de partager les résultats du Baromètre Santé réalisé dans la région Grand-Est, où le taux d’incidence est parmi les plus élevés.

Publié le 25 mai 2023
Dans cet article

TIQUES & VOUS - 1re journée de sensibilisation aux Maladies Vectorielles liées aux Tiques, 25 mai 2023

Les objectifs de cette journée sont de diffuser largement les mesures de prévention contre ces maladies, les premiers signes cliniques à reconnaître, et partager les connaissances scientifiques et médicales récentes. Santé publique France y participe afin de parler de l'épidémiologie de la borréliose de Lyme et des résultats du Baromètre Santé sous forme de webinaire.

Le printemps représente chaque année le début de la saison d’activité des tiques, l’occasion de faire le point sur la circulation de la borréliose de Lyme  (ou maladie de Lyme), transmise par ces arthropodes, en France. En France, comme dans de nombreux pays européens, la Borréliose de Lyme est la maladie dite « vectorielle », transmise par une tique, la plus répandue à ce jour. En 2021, on estime que près de 47 000 cas ont été diagnostiqués en médecine générale, soit une incidence de 71 cas pour 100 000 habitants en France. 

Afin d’évaluer les connaissances, les comportements et les perceptions de la population à l’égard de la borréliose de Lyme et des piqûres de tiques, un module spécifique sur la borréliose de Lyme a été intégré au Baromètre de Santé publique France en 2016 et 2019 dont les résultats ont été publiés en 2022. En complément de ces données nationales, Santé publique France a souhaité présenter ces résultats à l’échelle de la région Grand Est où la borréliose de Lyme est un sujet d’attention depuis près de 20 ans, tant pour la population que pour les autorités sanitaires régionales, afin d’accompagner et d’orienter la stratégie régionale de prévention.

Par ailleurs, depuis 2016 et la mise en œuvre du plan d’action de lutte contre la maladie de Lyme et les maladies transmissibles par les tiques par le ministère de la santé, des campagnes d’information et de sensibilisation auprès du grand public rappelant les mesures de prévention et de protection individuelle ont été élaborées et diffusées particulièrement dans les régions les plus concernées. Il n’existe pas de vaccin contre la borréliose de Lyme, les mesures de prévention, notamment celles contre les piqûres de tiques sont donc essentielles pour prévenir le risque d’infection.

Chiffres clés de la borréliose de Lyme en France 

Un nombre de nouveaux cas diagnostiqués chaque année en hausse ces deux dernières décennies

En 2021, on estime que près de 47 000 cas ont été diagnostiqués en médecine générale, soit une incidence de 71 cas pour 100 000 habitants en France. Depuis 2009, l’estimation du nombre de cas de borréliose de Lyme diagnostiqués en médecine générale a fluctué entre 25 000 et 68 530 cas par an. Le taux d’incidence annuel fluctuait autour d'une moyenne estimée à 62 cas/100 000 habitants, de 41/100 000 habitants (2011) à 104/100 000 habitants (2018) en France métropolitaine. 

Par ailleurs, environ 810 cas sont admis à l’hôpital pour Borréliose de Lyme chaque année. Dans plus de la moitié des cas, les patients hospitalisés présentent des manifestations neurologiques. 

Même si des cas de borréliose de Lyme sont rapportés chaque année, la majorité d’entre eux sont diagnostiqués, en médecine générale et à l’hôpital entre les mois de juin et octobre ce qui correspond à la saison d’activité maximale des tiques en France. Les personnes de plus de 60 ans semblent les plus touchées par la maladie, mais des cas sont rapportés dans toutes les classes d’âge.

Les régions de l’Est et du Centre particulièrement touchées

La borréliose de Lyme est présente sur tout le territoire métropolitain, mais y est inégalement répartie. 

Les régions de l’Est et du Centre présentent des taux d’incidence les plus élevés (>100 cas pour 100 000 habitants), alors que les régions de l’Ouest et du Sud-Est méditerranéen ont les taux les plus bas (<50 cas pour 100 000 habitants). 

Cette répartition est, entre autres facteurs, liée aux caractéristiques des territoires telles que les types de végétation, les différents climats et aux interactions entre les hôtes et vecteurs de la maladie mais également entre les vecteurs et les humains.

Comment se fait la surveillance de la borréliose de Lyme en France ? 

Santé publique France coordonne la surveillance de la borréliose de Lyme sur le territoire et s’appuie pour cela sur plusieurs partenaires, notamment le réseau Sentinelles et le Centre national de référence des Borrelia

Les données annuelles de surveillance reposent sur les cas diagnostiqués en médecine générale et à l’hôpital ; ces données permettent de décrire les différentes formes de la maladie et d’en suivre les tendances.

8 Français sur 10 ont entendu parler de la borréliose de Lyme

La mesure de l’exposition aux piqûres de tiques est réalisée au moyen du Baromètre de Santé publique France, enquête nationale répétée dans le temps permettant d’évaluer les attitudes, connaissances et pratiques de la population générale française vis-à-vis de différentes thématiques de santé mais également d’estimer la fréquence de plusieurs expositions à risque pour la santé de la population française dont les piqûres de tiques, abordées en 2016 et 2019. Il a ainsi été estimé en 2016 qu’environ ¼ de la population avait déjà été piqué par une tique dans sa vie, proportion ayant augmenté à près d’1/3 en 2019. Par ailleurs 4% des personnes interrogées en 2016 puis 6% en 2019 rapportaient une piqûre dans l’année précédemment écoulée. 

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Signaler une piqûre de tique et sa géolocalisation 

Avec l’application gratuite pour smartphone « Signalement tique » disponible à l’adresse : https://www.citique.fr/signalement-tique/, il est possible de signaler les piqûres de tiques, qu’elles soient repérées sur un humain ou un animal.

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Par ailleurs 79% de la population française déclarait avoir entendu parler de la borréliose de Lyme en 2019 (versus 64% en 2016). Bien qu’en hausse, une part non négligeable de la population doit donc encore être sensibilisée sur le sujet.

Egalement, 42% de la population estimait être bien informée sur la maladie en 2019 contre 28% en 2016. L’augmentation du niveau de sentiment d’information était observée dans toutes les régions métropolitaines. Les femmes, les personnes de plus de 45 ans et les personnes vivant en milieu rural, dans les plus petites agglomérations ainsi que dans des régions connues de plus forte incidence se sentaient mieux informés.

Les français se protègent-ils correctement contre les piqûres de tiques ?

En 2019, 66% des personnes piquées par une tique, déclaraient avoir utilisé un tire-tique ou une pince fine pour retirer la tique et 32% déclaraient avoir utilisé d’autres méthodes, non recommandées. 

Parmi les personnes qui se sentaient exposées aux piqûres de tiques, 17% déclarait utiliser un répulsif et 74% utiliser le port de vêtement long comme moyen de protection en cas d’exposition. Enfin, 53% déclarait s’inspecter le corps et retirer les tiques après exposition. 

Malgré le fait de se sentir exposée aux piqûres de tiques, une part non négligeable de la population déclarait donc ne jamais s’inspecter le corps après une exposition ou utiliser de vêtements longs pour se protéger. 

Ces résultats montrent une bonne acceptation mais une application encore trop limitée des moyens de protection alors que ces mesures sont essentielles pour prévenir les piqures de tiques et diminuer le risque de contamination.

Résultats du Baromètre de Santé publique France en région Grand-Est 2019

En 2019, en comparaison avec le reste de la France, la population de la région Grand Est se caractérise par :

  • Davantage d’antécédents de piqûres au cours de la vie déclarés (46 % vs. 29 %)
  • Davantage de piqûres déclarées au cours des douze derniers mois (11 % vs. 5 %)
  • Des piqûres majoritairement en forêt (68 %) puis dans les jardins (14 %)
  • Une utilisation du tire-tique plus importante (72 % vs. 65 %)
  • Un sentiment d’exposition plus marqué (35 % vs. 24 %)
  • Une fréquence plus importante d’utilisation des moyens de protection recommandés
  • Une meilleure connaissance de la borréliose de Lyme (90 % vs. 78 %)
  • Un niveau d’information plus important (58 % vs. 40 %)
  • Une préoccupation à l’idée de contracter la maladie plus importante (28 % vs. 18 %)

Par rapport aux données de 2016, la population de la région Grand Est se caractérise par :

  • Davantage de piqûres déclarées au cours des 12 derniers mois (12 % vs. 8 %)
  • Un port de vêtements longs plus fréquent (82 % vs. 73 %)
  • Une meilleure connaissance de la borréliose de Lyme (90 % vs. 85 %)

En savoir plus : synthèse baromètre santé 2016-2019

Se protéger des piqûres de tiques et prévenir le risque d’infection

Petites par leur taille, les tiques sont difficiles à repérer. Lorsque l’on se promène en forêt, dans des prés ou lorsque l’on jardine, quelques conseils à suivre permettent de se protéger des piqûres :

  • se couvrir, en portant des vêtements longs qui recouvrent les bras et les jambes, un chapeau et rentrer le bas du pantalon dans les chaussettes ;
  • rester sur les chemins et éviter les broussailles, les fougères et hautes herbes ;
  • utiliser des répulsifs cutanés.

En rentrant chez soi après une balade en forêt ou après avoir jardiné, il est conseillé de :

  • s’examiner et vérifier soigneusement l’ensemble de son corps ;
  • en cas de piqûre, retirer le plus rapidement possible la ou les tiques avec un tire-tique ou à défaut une pince fine.

Des dépliants et documents de prévention sont mis à disposition des professionnels de santé et du grand public afin d’améliorer la connaissance sur les maladies transmises par les tiques. Des documents ont également été créés pour les enfants afin de les initier dès le plus jeune âge aux gestes de prévention contre les piqures de tiques.

A télécharger :

Quelles perspectives dans le champ de la prévention des piqûres de tiques et des maladies vectorielles ?

D’après les éditions 2016 et 2019 du Baromètre de Santé publique France, l’information sur la prévention contre les piqûres de tiques et la borréliose de Lyme semble s’améliorer au cours du temps, concomitamment à une campagne et une stratégie nationale de prévention en 2016. Pour améliorer encore l’utilisation des moyens de prévention, une meilleure connaissance sur les freins à leur utilisation est aujourd’hui nécessaire (manque de connaissance, sentiment d’inconfort, ou encore coût de ses mesures, etc.).