Investigation de cas groupés de folliculites à Pseudomonas aeruginosa dans un hôtel de la Corse-du-Sud. Novembre 2004

Publié le 1 juin 2006
Mis à jour le 6 septembre 2019

Introduction. Les épidémies communautaires de folliculites à Pseudomonas aeruginosa sont rarement décrites. Le 23 novembre 2004, des cas groupés de folliculites ont été signalés chez des personnes ayant fréquenté un hôtel de la Corse-du-Sud mi-novembre 2004. Un prélèvement réalisé sur les lésions d'un client s'est révélé positif pour Pseudomonas aeruginosa. La Direction de la solidarité et de la santé de Corse et de la Corse-du-Sud (DSS) a mené une investigation environnementale et a saisi la cellule interrégionale d'épidémiologie (Cire) Sud pour l'investigation épidémiologique. Méthode. Une étude de cohorte rétrospective a été initiée. Un cas a été défini comme toute personne ayant fréquenté l'hôtel du 7 au 16 novembre 2004 à midi et ayant présenté des signes cliniques, notamment une éruption cutanée jusqu'à 4 jours après son départ. Les clients de l'hôtel ont été interrogés par téléphone. Résultats. Au total, sur 80 clients, 59 personnes ont été retenues pour l'analyse. Seize personnes répondaient à la définition de cas (Taux d'attaque : 27 %) et avaient développé les premiers signes cliniques du 13 au 17 novembre avec un pic le 15. A l'analyse univariée, les personnes de moins de 34,5 ans avaient un risque 2,7 [1,2-5,9] fois plus élevé de développer une folliculite que celles plus âgées. Le risque relatif (RR) n'était pas calculable pour l'exposition au spa mais le taux d'attaque (TA) chez les personnes exposées etait de 44 % versus 0 % chez les personnes non exposées (p<0,0002). Le RR chez les personnes exposées au sauna était de 3,4 [1,4-8,6] et de 3,1 [1,1-9,5] pour celles exposées au hammam. L'analyse stratifiée sur les journées d'exposition au spa montrait un RR élevé dès le 11 novembre atteignant un maximum le 13 (RR=11 [3-43]). Le risque de développer une folliculite augmentait avec la durée d'exposition au spa (p=0,05). L'analyse multivariée a retenu comme seul facteur de risque la durée totale dans le spa (RR=42[4,7-387] pour une durée totale de plus de 30 minutes versus moins de 11 minutes). Discussion. Ces résultats permettent d'émettre l'hypothèse forte de la survenue d'une folliculite à Pseudomonas aeruginosa liée à l'utilisation du spa. Cette contamination a probablement été liée à la présence d'une personne porteuse d'une folliculite déclarant avoir utilisé le spa, associée à une forte fréquentation par les clients de l'hôtel et une absence d'entretien quotidien de cet équipement. Des recommandations ont été données : limitation du nombre de baigneurs, entretien quotidien, mise en place d'un carnet sanitaire et interdiction de l'accès aux baigneurs présentant une dermatose.

Auteur : Gourvellec G
Année de publication : 2006
Pages : 28 p.