Bulletin de santé publique Pays de la Loire. Juin 2018.

Publié le 26 juin 2018
Mis à jour le 12 mai 2019

Depuis l'implantation d'Aedes albopictus (moustique-tigre) dans le sud-est de la France en 2004, ce moustique a colonisé l'ensemble du littoral méditerranéen et a diffusé progressivement dans la vallée du Rhône et vers l'Aquitaine. L'extension vers le nord est plus récente et se fait sous forme de petits foyers de colonisation éparpillés et concerne des zones géographiques limitées. Son activité saisonnière dans le sud de la France dure environ 6 mois.

Certains arbovirus, tels que la dengue et le chikungunya, ont la capacité de se multiplier dans les glandes salivaires d'Ae. albopictus. L'acquisition de ces virus par le moustique se fait par piqûre, pendant la période virémique, d'un homme ayant été infecté lors d'un séjour en zone endémique (cas importé). L'origine géographique des cas importés d'arbovirose prédomine dans les départements d'outre-mer, en particulier les Antilles. Le risque d'importation est proportionnel à l'amplitude des épidémies dans ces zones endémiques. Par ailleurs, les virus circulants dans les zones colonisées par Aedes aegypti ne sont pas tous bien adaptés à une transmission par Ae. albopictus, comme c'était le cas pour le génotype du virus chikungunya responsable de l'épidémie de 2014 aux Antilles (diminuant le risque de transmission en métropole). La transmission vectorielle du zika n'a été observée, à ce jour, que dans les zones colonisées par Ae. aegypti (éventuellement associé à Ae. albopictus) et non par Ae. albopictus exclusivement (donc hors métropole).

Tous ces facteurs (taille de la population exposée au moustique, variabilité annuelle du risque d'importation et des caractéristiques des virus) rendent complexe l'évaluation du risque de transmission autochtone, très hétérogène selon les régions et les années.

Pour réduire le risque de transmission autochtone de ces arboviroses, le plan national de la DGS préconise, de façon indifférenciée dans l'ensemble des départements colonisés par Ae. albopictus, un signalement précoce avant confirmation diagnostique des cas suspects importés dans un objectif d'intervention immédiate des services de démoustication.

Dans les Pays de la Loire, deux communes sont colonisées par Ae. albopictus : Fontenay-le-Comte (85) depuis 2015 et la zone sud-est de Trélazé (49) depuis 2017. Les principes de classement du plan national ont conduit à considérer les deux départements de la Vendée et du Maine-et-Loire comme zone d'implantation d'Ae. albopictus (niveau 1), même si la proportion de la population réellement exposée est très faible (estimée à moins de 2% en Vendée et à 0,3% en Maine et Loire).

La situation des Pays de la Loire n'est donc pas comparable à celle du sud de la France. Une démarche adaptée au contexte épidémiologique, entomologique et climatique devrait prioriser les actions suivantes :

  • Promouvoir un diagnostic des arboviroses par des tests précoces (PCR et antigène NS1 pour la dengue). Ne considérer que les cas biologiquement confirmés. La recherche d'infection par chikungunya doit être systématiquement évoquée chez les cas suspects de retour d'Afrique et d'Asie.
  • Améliorer la complétude de la déclaration obligatoire des arboviroses qui est, comme dans la majorité des régions, de mauvaise qualité en raison d'objectifs mal explicités.
  • Prioriser l'intervention des services de démoustication sur les cas confirmés ayant séjourné dans une des 2 communes colonisées par Ae. albopictus.
  • Surveiller l'extension géographique de la colonisation par le moustique grâce aux signalements par la population sur les sites internet dédiés, et compléter par une surveillance entomologique de bonne qualité.
  • Former la population à la lutte contre les gites larvaires dans les zones colonisées.
  • Informer les voyageurs des risques ciblés sur la situation épidémiologique des pays visités. En 2018, le risque le plus important d'importation est lié à l'épidémie de dengue en cours à la Réunion.

Année de publication : 26/06/2018