COVID-19 : point épidémiologique à Mayotte du 14 mai 2020

Publié le 15 mai 2020
Mis à jour le 15 mai 2020

Résumé

A la différence des autres régions de France qui montrent une baisse des indicateurs épidémiologiques de circulation du SARS-CoV-2, Mayotte poursuit son ascension vers le pic épidémique. Deux mois après l’identification du premier cas de COVID-19 à Mayotte (13 mars), le virus circule activement sur l’ensemble du département et l’épidémie gagne en intensité et en sévérité.

Au 14 mai 2020, 1 210 cas de COVID-19 ont été confirmés biologiquement par le laboratoire du Centre Hospitalier de Mayotte et l’unique laboratoire privé de l’île. Ils peuvent assurer jusqu’à 200 tests par jour. Aujourd’hui, plus de 5 000 tests ont été réalisés en deux mois, correspondant à 4 540 individus qui ont bénéficié d’une analyse biologique à la recherche du SARS-CoV-2.

Plusieurs dispositifs de surveillance ont été mis en place par Santé publique France (SpF) en lien avec ses partenaires, afin de produire de l’information épidémiologique dans le but d’orienter la décision en termes de mesures de gestion. Les données recueillies permettent de surveiller l’évolution de l’épidémie et de mesurer sa sévérité (formes graves et mortalité). Aujourd’hui, l’objectif principal est d’atténuer l’ampleur et les effets de la vague épidémique.

Au 14 mai, chaque cas fait l’objet d’une investigation téléphonique ou au domicile. Pour chacun, est évaluée sa capacité à s’isoler de façon à protéger son entourage. Conditionné par la coopération du patient, un contact tracing est réalisé. Cette identification des contacts a deux objectifs principaux :

  • Repérer les personnes fragiles : personnes âgées, porteurs de pathologies chroniques (diabète, hypertension, pathologie rénale, cardiaque hépatique), patients immunodéprimés, atteints d’un cancer, personnes obèses.
  • Casser les chaines de transmission autour d’un maximum de cas.

Les investigations mettent en évidence des éléments utiles à l’orientation de la politique de prévention contre le COVID-19 à Mayotte: méconnaissance de la maladie, difficultés de perception de la contagiosité, particulièrement dans le cas du portage pauci ou asymptomatique. Enfin, certains cas sont dans l’incapacité d’assurer leur isolement pour protéger leur entourage et révèlent l’importance de maintenir l’offre d’hébergement pour assurer la quatorzaine de ces personnes.

Afin d’informer et sensibiliser la population sur le COVID-19, des interventions collectives ont été organisées par l’ARS ces dernières semaines. Les éléments nécessaires à la compréhension de l’épidémie sont abordés lors de ces évènements. Pour porter leurs fruits, ces actions doivent s’inscrire dans la durée. Leur impact sera d’autant plus fort qu’elles seront portées, expliquées et promues par les leaders issus des différentes communautés. En effet, ces partenaires précieux sont pleinement conscients des freins possibles à l’application des mesures de prévention, ils constituent un appui non négligeable à l’appropriation des messages par la population.

De plus, dans certains cas, des interventions individuelles avec une visite à domicile ont été effectuées. Ces visites permettent d’informer les cas et leurs contacts, mais également de diffuser les recommandations de prévention, de rappeler les gestes barrières et de poursuivre les enquêtes épidémiologiques. Aussi, elles permettent de prendre connaissance du milieu de vie (accès à l’eau), des possibilités de confinement/d’isolement (nombre d’habitants dans le foyer, promiscuité). Si nécessaire, les équipes fournissent du matériel pour faciliter l’hygiène au domicile et limiter la diffusion du virus (masques, savons, jerricanes).

Aujourd'hui, on observe une augmentation du nombre de personnes nécessitant un accompagnement pour lutter contre la maladie. Les investigations et interventions menées par l’ARS et SpF ne peuvent espérer une efficacité qu’avec le soutien essentiel des acteurs locaux. Il s'agit d’assoir la stratégie de lutte contre l’épidémie en facilitant l’accès à un point d’eau et en incitant au port du masque dans les situations propices à la propagation du virus.