Evaluation de l'impact sanitaire de la pollution atmosphérique urbaine. Zone de Montpellier. Impact à court et long terme

Publié le 1 février 2005
Mis à jour le 6 septembre 2019

L'évaluation de l'impact sanitaire de la pollution atmosphérique urbaine dans l'agglomération de Montpellier a été réalisée dans le cadre de l'élaboration du plan de protection de l'air. L'étude, s'appuyant sur les quatre étapes standardisées de l'évaluation des risques sanitaires, répond à un double objectif. Il s'agit en premier lieu d'estimer l'impact à court terme de la pollution atmosphérique sur la mortalité (totale, cardiovasculaire et respiratoire) et sur les admissions hospitalières (pour causes respiratoire, cardiovasculaire et cardiaque). L'impact sanitaire à long terme est, de plus, estimé par le nombre de décès attribuables à la pollution atmosphérique. D'autre part, le calcul des bénéfices attendus, en termes de gain sanitaire, en fonction de différents scénarios de réduction des polluants atmosphériques peut permettre la planification de mesures d'amélioration de la qualité de l'air. L'évaluation d'impact de la pollution atmosphérique a été réalisée pour onze communes, exposées de manière homogène, appartenant à l'unité urbaine de Montpellier (Castelnau-le-Lez, Clapiers, Le Crès, Grabels, Jacou, Juvignac, Montferrier-sur-Lez, Montpellier, Saint-Clémentde- Rivière, Saint-Jean-de-Védas, Vendargues). Elle se fonde sur l'analyse des données de mortalité sur deux années (1999 et 2000) et des admissions hospitalières sur quatre années (1999 à 2002). La population étudiée est composée de 288 059 habitants. Les indicateurs de la pollution atmosphérique analysés sont l'ozone, le dioxyde d'azote, le dioxyde de soufre et les particules de diamètre inférieur à 10 um. La pollution atmosphérique est directement responsable annuellement, dans la zone d'étude, de 34 décès anticipés, dont 13 pour motif cardiovasculaire et 4 pour motif respiratoire. En termes de morbidité, elle provoque chaque année 79 admissions hospitalières pour motif cardiovasculaire, 15 pour motif cardiaque, 9 pour motif respiratoire chez les plus de 65 ans et 4 chez les 15-64 ans. Les personnes âgées de plus de 65 ans sont proportionnellement les plus touchées. Ces évènements seraient théoriquement évités si les niveaux de pollution é taient de l'ordre de ceux atteints lors des jours les moins pollués. Les gains sanitaires liés à une réduction de la pollution ont été calculés selon deux scénarios. L'application d'un scénario de réduction de la pollution atmosphérique visant à supprimer les pics de pollution entraîne des gains sanitaires à court terme moindres que ceux apportés par la diminution de 25% de la pollution de fond. Les gains sanitaires à long terme sont également plus importants lorsque l'on réduit les niveaux moyens de pollution de 25% (40 décès évités) ou de 5 ug/m3 (37 décès évités) plutôt qu'avec une diminution annuelle des niveaux au niveau de la norme européenne de 2010 (20 décès évités). L'impact de la pollution atmosphérique sur la santé, même à de faibles niveaux d'exposition, a déjà été démontré par ailleurs. L'objet de la présente étude ne répond donc pas à cet objectif mais à celui de quantifier sur le plan local cet impact et de permettre aux décideurs de fonder leur politique de réduction de la pollution sur des arguments sanitaires acquis localement. En tout état de cause, une politique de diminution de la pollution atmosphérique visant à éviter seulement les dépassements des valeurs réglementaires n'aurait pas les bénéfices escomptés sur le plan de la santé publique. Une plus grande efficacité sera obtenue en réduisant à la source, de manière quotidienne et globale, les émissions de polluant. La pollution atmosphérique dans l'unité urbaine de Montpellier étant essentiellement due au trafic routier, ce sont les émissions liées aux transports par la route qu'il conviendrait de réduire.

Auteur : Ricoux C
Année de publication : 2005
Pages : 40 p.