Cas groupés de fièvre typhoïde liés à un lieu de restauration à Paris. Octobre-novembre 2003

Publié le 1 juin 2004
Mis à jour le 6 septembre 2019

L'incidence de la fièvre typhoïde est devenue très faible (0,15/100 000) en France métropolitaine et plus de 80 % des cas déclarés surviennent au retour de séjour en pays endémiques. En octobre 2003, plusieurs cas de fièvre typhoïde autochtones ont été déclarés chez des résidents d'Ile-de-France. Une investigation a été mise en oeuvre pour rechercher l'origine de ces cas groupés et prendre des mesures de contrôle adaptées. Un cas a été défini comme une personne résidant en France métropolitaine, n'ayant pas séjourné en pays endémique dans le mois précédent ses symptômes et ayant présenté depuis septembre 2003 des signes cliniques évocateurs de fièvre typhoïde avec, pour un cas certain, un isolement de Salmonella enterica sérotype Typhi (S. Typhi) et, pour un cas probable un lien épidémiologique avec un cas certain. Les cas recensés par la déclaration obligatoire et le centre national de référence des Salmonella ont été interrogés sur les possibles sources de contamination (voyages, lieux et restaurants fréquentés, contact avec des cas, aiments consommés) au cours du mois précédant le début des symptômes. L'établissement de restauration suspecté comme à l'origine des cas groupés par l'investigation épidémiologique a été inspecté. Ses employés ont été interrogés sur leurs antécédents de fièvre typhoïde, sur leurs séjours en pays endémique, sur leurs contacts avec des personnes ayant présenté une fièvre typhoïde ou rentrant de pays endémique, sur leurs postes de travail et sur leurs pratiques d'hygiène. six coprocultures successives à 24/48 heures d'intervalle ont été réalisées à l'ensemble du personnel. Les souches de S. typhi ont été typées par lysotypie, ribotypie et macrorestriction d'ADN en champ pulsé. Sept cas (6 certains et 1 probable) survenus entre le 28 septembre et le 16 octobre, résidant dans 4 départements d'Ile-de-France ont été identifiés. Six cas avaient fréquenté une même sandwicherie à Paris où ils avaient tous consommé des salades composées. Aucun des 7 employés de la sandwicherie n'avait de symptômes récents ou d'antécédents de fièvre typhoïde. L'un d'entre eux , qui était chargé de la préparation des salades, avait séjourné en pays endémique durant l'été 2002; S. Typhya a été isolée de la quatrième des 6 coprocultures réalisées chez celui-ci. Il a été traité par antibiothérapie par quinolone suivie d'une cholecystectomie en raison d'une lithiase biliaire. S. Typhi a été isolée dans la bile prélevée lors de l'intervention. Les 6 coprocultures consécutives des 6 autres employés étaient négatives. Les lysotypes et les pulsotypes des souches de S. Typhi isolées chez les cas et chez l'employé n'étaient pas différentiables. La clientèle de la sandwicherie a été informée par communiqué de presse d'une possible exposition à S. Typhi afin que ce diagnostic puisse être évoqué précocement et d'évieter des transmissions secondaires dans l'entourage. La sandwicherie a été fermée pour nettoyage et désinfection des locaux et le personnel a été formé à la maîtrise du risque de contamination des aliments par des microorganismes. En conclusion, cet épisode de 6 cas groupés de fièvre typhpïde est lié à la consommation de salades vendues dans un même établissement parisien, contaminées lors de leur préparation par un porteur sain de S. typhi. Il montre, comme ceux survenus récemment dans les Alpes-Maritimes en 1997 et en Ile-de-France en 1998, que des épidémies autochtones de fièvre typhoïde restent possibles. Il rappelle l'importance de l'application des bonnes partiques d'hygiène dans les établissements de restauration et la nécessité que le personnel soit formé à ces bonnes pratiques. (R.A.)

Auteur : Vaillant V, de Valk H
Année de publication : 2004
Pages : 40 p.