Investigation d'une endémo-épidémie de gale dans une institution accueillant des personnes âgées - Morbihan

Publié le 1 février 2000
Mis à jour le 9 septembre 2019

Les épidémies de gale touchent chaque année en France plusieurs centaines d'établissements hébergeant des personnes âgées, du fait de la contagiosité extrême de cette parasitose et de la sensibilité élevée des pensionnaires au regard de la gale. Compte tenu des multiples causes de prurit chez le sujet âgé, 2 nécessités s'imposent afin de maîtriser rapidement et efficacement une épidémie de gale en institution : la précocité du diagnostic et sa confirmation. En janvier 2000, la CIRE Ouest est alertée par la DDASS du Morbihan d'une recrudescence de gale, dans un contexte présenté comme endémo-épidémique depuis mars 1997. Une investigation est mise en oeuvre pour confirmer l'existence du problème, en décrire les caractéristiques, identifier les facteurs favorisant sa transmission et ajuster les recommandations. Une enquête descriptive rétrospective a été réalisée de mars 1997 à décembre 1999. La population d'étude comprenait les 120 résidents de l'établissement, les 100 membres du personnel (réguliers et occasionnels), les visiteurs et les familles. La seule source d'information identifiée était un cahier mis en place par le personnel infirmier comportant des informations sur l'identité de la personne atteinte, la chambre, la date d'identification, la date de traitement et des observations éventuelles. Afin de réaliser une description des cas en terme de temps, lieu, personnes, une définition de cas a été établie a posteriori en 3 grades : un épisode de prurit rapporté à une gale par un examen parasitologique positif a été défini comme cas confirmé biologiquement ; un épisode de prurit rapporté à une gale après consultation médicale comme cas confirmé cliniquement ; un épisode de prurit sans diagnostic étiologique et non rapporté à une gale par un médecin comme cas possible. A noter que compte-tenu de ces définitions, une personne a pu être recensée plusieurs fois comme cas sur la période d'étude. Une visite sur place a été réalisée par ailleurs. Sur 34 mois, entre mars 1997 et décembre 1999, un total de 106 cas, possibles et confirmés de gale a été identifié, 98 (92%) chez les résidents et 8 (8%) chez les non résidents (5 cas chez le personnel et 3 cas chez les familles). Les 98 cas identifiés chez les résidents ont concerné 57 personnes soit un taux de réinfestation de 40% (n=23) ; aucun cas n'a été confirmé biologiquement, 19% (n=19 dont 1 cas de gale norvégienne) ont été confirmés cliniquement, 81 % (n=79) étaient des cas possibles. Les 8 cas recensés chez les non résidents (personnels et familles) ont atteint 7 personnes : aucun cas confirmé biologiquement, 75 % (n=6) confirmés cliniquement, 25 % (n=2) cas possibles. La courbe épidémique est en faveur d'une situation endémo-épidémique avec une prévalence moyenne de gale autour de 12%. Tous les secteurs d'hébergement ont été touchés, les plus touchés étant ceux comportant des lieux d'échanges (repas, lieux d'animation...). La traçabilité des résidents dans les secteurs d'hébergement sur la durée de l'étude n'a pas pu être reconstituée. L'enquête rétrospective a rencontré 2 difficultés importantes : d'une part l'existence d'une seule source de données ce qui n'a pas permis de valider les informations ni en terme de fiabilité ni en terme d'exhaustivité ; d'autre part, l'absence d'identification du parasite au terme de 34 mois ce qui pourrait permettre d'envisager la remise en cause même de l'existence du problème. La mise en oeuvre de méthodes rationnelles d'investigation a pour principal mérite d'avoir illustré l'importance de la confirmation du diagnostic de gale et de la surveillance épidémiologique. En effet, elle a permis d'une part de recenser les 106 cas de gale sur 34 mois mais cette quantification doit être nuancée du fait de la faiblesse des évidences diagnostiques ; par ailleurs, les données disponibles n'ont pas permis d'envisager une enquête épidémiologique complémentaire visant à identifier les facteurs de risque. Cependant, les facteurs de risque de la gale sont bien connus, notamment les déficiences en matière d'hygiène dont plusieurs étaient déjà identifiées par l'établissement. Ce type d'établissement pose également le problème d'une coopération insuffisante entre médecins libéraux consultants et avec les professionnels de l'hygiène du secteur sanitaire. Des recommandations ont été proposées. Aucun nouveau cas de gale n'a été recensé depuis février 2000.

Auteur : Caserio C, Schvoerer C, Vieuxbled J
Année de publication : 2000
Pages : 20 p.