Surveillance sanitaire en région Bourgogne et Franche-Comté. Point au 28 juillet 2017.

Publié le 28 juillet 2017
Mis à jour le 20 juin 2019

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Sous-produits de la chloration de l'eau et risque de cancer de la vessie

Le chlore servant à désinfecter l'eau du robinet réagit avec des matières organiques d'origine naturelle déjà présentes dans les eaux traitées pour former les sous-produits de la chloration (SPC). Les trihalométhanes (THM) sont un groupe de substances chimiques parmi plus de 600 SPC aujourd'hui identifiés et les seuls réglementés en France (100 μg/L). Santé publique France vient de publier deux rapports étudiant le lien entre les trihalométhanes (THM) et les cancers de la vessie en France.Le premier est une évaluation quantitative d'impact sanitaire (EQIS) permettant d'établir la part attribuable des cancers de la vessie aux sous-produits de la chloration de l'eau. Il a utilisé une relation exposition-risque publiée en 2011 chez l'homme. L'exposition actuelle a été estimée à partir des analyses de THM du contrôle sanitaire (2005-2011) et l'exposition passée (1960-2000) a été modélisée. La population française alimentée par des eaux de surface est deux fois moins exposée que par le passé, mais reste deux fois plus exposée que la population alimentée par des eaux souterraines. Au total 18 % des cas de cancer de la vessie seraient attribuables aux SPC (1 600 [500 , 2 700] cas par an).Le second est une étude écologique croisant des données des registres des cancers et des données d'exposition aux THM sur les 11 départements couverts par un registre général de cancers entre 1998-2011. Elle analyse la relation entre l'incidence des cancers de la vessie et l'exposition aux sous-produits de la chloration (SPC) présents dans l'eau du robinet.Un ajustement a été effectué sur le tabagisme et les facteurs de risques reconnus pour ce cancer.L'analyse montre une association positive pour les THM des eaux de surface, à la limite de la significativité. Le risque observé est moins élevé d'un facteur 4 environ que les risques individuels publiés, mais la non prise en compte de l'histoire résidentielle pourrait le sous-estimer.Ces résultats sont cohérents avec les données de la littérature qui documente une association entre la concentration de THM dans les eaux destinées à la consommation, et le risque de cancer de la vessie. La désinfection de l'eau au chlore permet de prévenir des maladies dont certaines peuvent être graves, voire mortelles : 361 000 enfants âgés de moins de cinq ans meurent chaque année de diarrhée selon l'OMS et l'UNICEF. Le risque microbiologique causé par une mauvaise désinfection est plus important que le risque chronique des sous-produits de désinfection dont l'évaluation est imparfaite par les méthodes utilisées, mais doit inciter à limiter l'exposition aux SPC.

Année de publication : 28/07/2017