Infections invasives à Streptococcus pyogenes dans la région lyonnaise (Rhône). Novembre 2003 - janvier 2004

Publié le 1 mars 2005
Mis à jour le 6 septembre 2019

Le 18 décembre 2003, la Direction départementale des affaires sanitaires et sociales (Ddass) du Rhône signalait la survenue de 5 cas d'infections invasives à streptocoque du groupe A (IISGA), dont 3 décès, sans origine nosocomiale évidente et avec suspicion d'une origine communautaire. Cette situation inhabituelle conduisait à la mise en place d'une recherche active des cas entre le 18 décembre 2003 et le 13 février 2004 auprès des laboratoires de microbiologie du Rhône par la Cellule inter-régionale d'épidémiologie (Cire) et la Ddass, en collaboration avec le Centre national de référence des streptocoques (CNR), l'Institut de veille sanitaire (InVS) et la Direction générale de la santé (DGS). Cette investigation avait pour objectifs de rechercher des cas groupés communautaires, de décrire les cas, de rechercher des facteurs de risque communs et de rechercher l'émergence de souches présentant une virulence particulière. Un cas certain d'IISGA correspondait à l'identification, par un laboratoire de microbiologie du Rhône et depuis le 1er novembre 2003, d'une culture positive à Streptococcus pyogenes soit sur liquide stérile, soit sur un site habituellement non stérile avec une nécrose des tissus mous. Un cas suspect d'IISGA correspondait à l'identification, par un laboratoire de microbiologie du Rhône et depuis le 1er novembre 2003, d'une culture positive sur un site non stérile associé à un tableau clinique infectieux compatible et sans autre cause identifiée. Au total, 25 cas certains et un cas suspect ont été identifiés sur une période de 12 semaines. Neuf personnes avaient présenté un choc toxique et 4 d'entres elles étaient décédées. Sept cas étaient des enfants de moins de 10 ans. Huit femmes étaient des cas en post-partum ou post-abortum. Vingt-deux personnes résidaient dans le Rhône, 3 dans des départements limitrophes et une personne était de passage dans le Rhône. La répartition géographique des domiciles des cas ne montrait pas de lien entre les cas. L'incidence des cas paraissait plus importante dans l'ouest de l'agglomération lyonnaise mais l'analyse spatiale selon un modèle de Poisson ne mettait pas en évidence de cluster géographique. Les données du réseau de surveillance des infections invasives communautaires Epibac des trois dernières années permettait de confirmer la survenue d'un nombre inhabituel de cas sur la région lyonnaise. Six cas étaient des cas nosocomiaux certains et un cas était suspect. Hormis un cas certain et le cas suspect survenus dans le même établissement et liés entre eux (cas suspect index du cas certain), les cas nosocomiaux étaient survenus dans des établissements différents. Les analyses microbiologiques ne mettaient pas en évidence l'existence de souche commune entre les cas mais montrait que l'augmentation des cas s'accompagnait de l'augmentation de deux types de souches : T1M1 et T28M28. Cette dernière est comparable à celle du clone émergeant emm28 observé en France depuis 2000. Une investigation conjointe du Centre de coordination de lutte contre les infections nosocomiales du sud-est (C-Clin) et de la Ddass a été réalisée dans l'établissement de santé ayant signalé 6 cas dont les 2 cas nosocomiaux certains et suspects liés. Les résultats des investigations ne mettant pas en évidence de cas communautaires groupés, la surveillance active des cas a été arrêtée le 13 février 2004. Cependant, il a été demandé aux services de microbiologie des Hospices civils de Lyon de transmettre au CNR les souches de toutes les IISGA et aux directeurs d'établissements de signaler tout cas survenant dans une maternité. Des recommandations ont par ailleurs été rappelées aux établissements de santé pour prévenir la survenue de cas en post-partum. (R.A.)

Auteur : Gofti Laroche L, Rey S, Bouvet A
Année de publication : 2005
Pages : 27 p.