Surveillance sanitaire en France en lien avec l'accident de Tchernobyl. Bilan actualisé sur les cancers thyroïdiens et études épidémiologiques en cours en 2006

Publié le 1 avril 2006
Mis à jour le 6 septembre 2019

L'accident de Tchernobyl, survenu le 26 avril 1986, a eu pour conséquence sanitaire dans les pays de l'Est les plus exposés, une épidémie de cancers de la thyroïde observée dès 1990 chez l'enfant et actuellement chez les jeunes adultes. En France, le cancer de la thyroïde est rare et de bon pronostic. Cependant l'augmentation de ces cancers depuis plus de vingt ans et le passage du nuage radioactif au dessus de la France en 1986 ont amené l'Institut de veille sanitaire (InVS) à rechercher l'existence éventuelle d'un lien entre l'accident de Tchernobyl et cette augmentation. Pour répondre à cette question, l'InVS pilote depuis 2000 une démarche nationale pluridisciplinaire impliquant de nombreux acteurs, notamment les registres du cancer regroupés au sein du réseau Francim. Depuis 2003, l'InVS a développé le dispositif de surveillance conformément aux mesures du plan cancer gouvernemental. Il a renforcé son soutien aux registres et au Registre national des tumeurs solides de l'enfant créé en 2000. Il développe également un système multisources national, complémentaire et étroitement articulé au dispositif constitué par les registres, qui surveillera à terme les cancers sur la totalité du territoire. à l'occasion du 20e anniversaire de l'accident de Tchernobyl, l'InVS détaille les résultats actuels des travaux épidémiologiques menés avec ses partenaires et destinés à renforcer les connaissances sur l'incidence et la mortalité de ces cancers. Les résultats ne vont pas globalement dans le sens d'un éventuel effet de l'accident de Tchernobyl en France. L'augmentation observée des taux d'incidence des cancers thyroïdiens est retrouvée dans la plupart des pays développés. Les techniques diagnostiques, ainsi que la réalisation plus fréquente de thyroïdectomie totale pour pathologie bénigne amènent à la découverte fortuite de cancers et jouent vraisemblablement un rôle important dans l'augmentation constatée. Les disparités régionales importantes observées ne correspondent pas à celles des retombées radioactives de Tchernobyl et pourraient refléter essentiellement des disparités de pratiques médicales. Toutefois une incidence élevée est observée chez les hommes en Corse. Si les travaux à venir confirment une surincidence chez l'homme, il sera nécessaire d'en expliciter les raisons. De manière générale, une plus grande connaissance des facteurs de risque des cancers thyroïdiens en France reste cependant nécessaire. L'InVS et l'Inserm ont lancé en ce sens un appel à projets en 2003. Quatre études sont actuellement en cours, leurs résultats sont attendus en 2008. (R.A.)

Auteur : Cherie Challine L, Caserio Schonemann C, Colonna M, Lacour B, Lasalle JL, Leenhardt L, Orgiazzi J, Pirard P, Schvartz C, Belot A
Année de publication : 2006
Pages : 75 p.