Dix ans de surveillance du saturnisme infantile en Rhône-Alpes et Auvergne 1994-2003

Publié le 1 décembre 2004
Mis à jour le 6 septembre 2019

Dans le cadre du système national de surveillance du saturnisme infantile (SNSSI), le Centre antipoison (CAP) de Lyon assure le recueil des données sur les plombémies réalisées chez les enfants résidant en Rhône-Alpes et Auvergne. Pour orienter, sur ces deux régions, les futures actions de sensibilisation des professionnels sanitaires et sociaux au repérage des enfants intoxiqués par le plomb, il est apparu opportun de faire un bilan de 10 années de surveillance du saturnisme infantile, de 1994 à 2003, à partir des données disponibles dans la base de données du CAP de Lyon, mises en perspective avec les actions engagées localement par les services de santé publique de Rhône-Alpes et d'Auvergne sur cette période (opérations de dépistage, incitation au repérage des cas). En Rhône-Alpes, de 1994 à 2003, 2587 plombémies de primodépistage ont été réalisées principalement dans 4 départements, le Rhône, la Loire, l'Ain et l'Isère sur lesquels l'activité de dépistage s'est concentrée sur quelques villes. Les services de protection maternelle et infantile (PMI) ont été les principaux prescripteurs et l'activité a été ciblée sur les jeunes enfants (1-2 ans) résidant dans des logements anciens. En Auvergne, 516 plombémies de primodépistage ont été réalisées dont 67% en 1998. La médecine scolaire a été le principal prescripteur et l'activité de dépistage s'est concentrée sur quelques villes du Puy-de-Dôme, de la Haute-Loire et de l'Allier et a principalement concerné les enfants de 5-6 ans et de 3-4 ans résidant dans des logements anciens. En Rhône-Alpes, les pourcentages de premières plombémies supérieures ou égales à 100 ug/l étaient relativement élevés au début de la période d'étude : ils s'élevaient, en moyenne entre 1994 et 1996, à 67% dans le Rhône, 24% dans la Loire, 23% dans l'Ain et 14% en Isère. Ces pourcentages ont diminué régulièrement pour atteindre, en moyenne entre 2001 et 2003, 7% dans le Rhône, 5% dans la Loire, 7% dans l'Ain et 4% en Isère. En Auvergne, les pourcentages de premières plombémies supérieures ou égales à 100 ug/l étaient en moyenne de 13% dans le Puy-de-Dôme, 6% dans l'Allier et 4% en Haute-Loire, sachant que l'essentiel des plombémies ont été réalisées en 1998. Globalement, l'analyse des caractéristiques des enfants intoxiqués montre que les facteurs qui sont les plus prédictifs d'une plombémie élevée sont : - la connaissance d'autres enfants intoxiqués dans l'entourage (familial ou voisinage) ; - le comportement de pica ; - l'habitat dans un logement antérieur à 1948, notamment dégradé ; - l'âge, avec des plombémies plus élevées chez les 1-3 ans ; - le nombre élevé d'enfants de moins de 6 ans au domicile (3 et plus) ; - l'origine sub-saharienne et, dans une moindre mesure nord-africaine ou proche orientale des parents. En plus d'opérations de dépistage systématiques sur des collectivités (école, crèche...) ou autour d'un site industriel dans le Rhône, des actions visant à inciter les professionnels de santé (des PMI notamment) à repérer les enfants à risques et à leur prescrire une plombémie ont été menées dans le Rhône, la Loire, l'Ain, l'Isère et l'Auvergne mais elles concernent des secteurs géographiques limités et l'analyse montre qu'en l'absence d'une sensibilisation régulière la mobilisation décroît rapidement. En conclusion, il apparaît indispensable que les médecins de PMI mais aussi les médecins généralistes et pédiatres libéraux soient sensibilisés de manière répétée à la recherche systématique des facteurs de risque d'exposition au plomb chez les jeunes enfants notamment entre 1 et 3 ans et ceci sur l'ensemble du territoire et pas uniquement sur les plus gros départements et, au sein de ces départements, pas uniquement dans quelques villes ou secteurs ciblés.

Auteur : Schmitt M
Année de publication : 2004
Pages : 38 p.