Investigation sur des cas groupés de fièvre Q. Montoison (Drôme)

Publié le 1 août 2003
Mis à jour le 6 septembre 2019

Fin octobre 2000, un médecin généraliste signalait au Médecin inspecteur de santé publique de la Drôme trois cas de syndromes infectieux aigus survenus en 10 jours sur la même petite commune rurale et évoquant un diagnostic de fièvre Q, rickettsiose due à Coxiella burnetii. Après confirmation biologique du diagnostic, une recherche active des cas fut réalisée et permit de confirmer la survenue de cas groupés de fièvre Q sur cette commune. Une enquête épidémiologique fut initiée par la DDASS et la CIRE Rhône-Alpes-Auvergne pour identifier la source probable de contamination, en particulier tester l'hypothèse d'une transmission par voie aérienne à partir d'un ou de plusieurs élevages identifiés par l'enquête exploratoire. Les témoins ont été recrutés par tirage au sort sur la liste électorale de la commune et ont été testés en immuno-fluorescence indirecte (IFI) afin d'exclure les personnes immunisées. Dans le même temps, la Direction départementale des services vétérinaires de la Drôme mettait en place un contrôle des élevages de la commune. Dix cas sont survenus entre le 04 octobre et le 10 décembre 2000. Il s'agissait d'adultes habitant ou travaillant sur la commune de Montoison. Sur les 50 témoins testés, trois se sont révélés positifs à la fièvre Q et ont été exclus de l'analyse. Les résultats de l'enquête cas-témoin ont mis en évidence une association significative entre le fait d'avoir emprunté au moins une fois par jour la route départementale de Montoison à Crest (axe nord/sud-est) et l'apparition de la maladie (OR=9,1 [1,62-51,12]) ainsi qu'une association entre la circulation à pied ou en véhicule ouvert (vélo, tracteur) sur un chemin communal au sud du village et l'apparition de la maladie (OR=11,5 [0,93-142,23]). La comparaison entre cas et témoins des distances en kilomètres des domiciles à trois élevages situés dans la zone sud de la commune montre également une différence entre cas et témoins avec un test statistique proche du seuil de significativité de 5% pour deux de ces trois élevages (test de Mann et Whitney). L'enquête vétérinaire confirme la prévalence importante de sérologies positives sur les échantillons d'animaux testés dans les élevages 2 et 3 (respectivement 80% et 66% de sérologies positives confirmées en IFI). De plus les épandages de fumiers de ces deux élevages ont été réalisés dans le sud de la commune dans des périodes pouvant correspondre avec les périodes de contamination des cas. A la suite des résultats de ces enquêtes, la direction des services vétérinaires a mis en place des mesures de contrôle vis à vis de ces élevages : traitement médicamenteux des animaux, pasteurisation du lait, bâchage des fumiers, interdiction d'épandage des fumiers. Cependant ces mesures ne s'appuyant sur aucune réglementation, hormis la pasteurisation du lait, relèvent de la bonne volonté des éleveurs à s'y soumettre. De plus, certaines, en particulier celles concernant les fumiers ne peuvent être que transitoires.

Auteur : Rey S, Viannez Gaide AM, Saviuc P, Vaillant V, Valenciano M, Capek I
Année de publication : 2003
Pages : 44 p.