Les questions de santé publique et de recherche qui se posent dans le domaine du risque alimentaire infectieux justifient-elles de nouveaux recueils de données ? 2ème Colloque de la RESP : Risque alimentaire infectieux

Publié le 1 janvier 2002
Mis à jour le 9 septembre 2019

La collecte des données épidémiologiques nécessaires à la mise en oeuvre d'une politique de santé publique alliant le contrôle des épidémies et la prévention des formes sporadiques se résumait, jusqu'à récemment, à la surveillance épidémiologique plus ou moins exhaustive des principales infections d'origine alimentaire (détecter les épidémies, les modifications de tendance et contribuer à évaluer les mesures prises). Cependant, cette collecte systématique et continue ne rendait compte que des grandes tendances, manquait bien souvent de sensibilité pour détecter précocement les épidémies communautaires, et surtout sous-estimait et quelquefois même passait sous silence les formes sporadiques de loin les plus nombreuses (infections à Campylobacter par exemple). Ainsi, le poids réel en termes de morbidité, mortalité et conséquences économiques et sociales n'en était pas évalué. La prise de conscience sociale du phénomène a justifié un besoin complémentaire d'informations épidémiologiques avec la mise en oeuvre, lors des dernières années, de vastes études en population (surveillance active, cohorte de populations) associées à des études à visée analytique aux États-Unis (projet Foodnet) et dans certains pays d'Europe (Royaume-Uni, Hollande, Danemark¿). En parallèle à la mise en place de ces études, la surveillance et la détection des cas groupés se sont sensiblement améliorées grâce au progrès de la recherche sur les outils et les systèmes de typage microbiologique qui deviennent ainsi plus discriminants, en particulier ceux basés sur les techniques moléculaires. Leur validation puis leur utilisation en routine permettent une identification plus précoce des bactéries à diffusion clonale. L'adjonction d'algorithme de détection automatique (seuils épidémiques) aux bases de données a aussi réduit les délais de détection. Par ailleurs, la surveillance est devenue européenne permettant, par " poolage " des données nationales, de détecter l'émergence de phénomènes jusque-là ignorés. Afin d'améliorer la prévention des formes sporadiques, le recours à l'épidémiologie analytique est de plus en plus fréquent et permet de mieux en connaître les facteurs de risque. L'analyse de risque microbiologique des aliments, pour répondre aux besoins d'expertise, nécessite un développement méthodologique important et la collecte de nouvelles données. Enfin, une approche plus large de recherche en santé publique est aussi nécessaire, en particulier sur le perception sociale du risque et le rapport coût-efficacité des mesures prises.

Auteur : Desenclos JC, Vaillant V, de Valk H
Revue d'épidémiologie et de santé publique, 2002, vol. 50, n°. 1, p. 67-79