Investigation de cas groupés de salmonellose à Salmonella Typhimurium dans le Cantal. Avril-juillet 2002

Publié le 1 mars 2005
Mis à jour le 6 septembre 2019

Le 4 juin 2002, le Centre hospitalier (CH) d'Aurillac signalait à la Direction départementale des affaires sanitaires et sociales (Ddass) du Cantal un nombre inhabituel de 6 cas de salmonellose à Salmonella Typhimurium (S. Typhimurium), hospitalisés depuis le 27 avril 2002. Le jour même, la Ddass saisissait la Cellule interrégionale d'épidémiologie (Cire) Rhône-Alpes Auvergne. Le lancement d'enquêtes épidémiologique, microbiologique et vétérinaire était décidé. Un cas a été défini comme une personne résidant dans le Cantal ayant eu, à l'occasion d'un épisode de gastro-entérite aiguë survenu depuis le 27 avril 2002, un isolement de Salmonella sérotype Typhimurium, à partir d'une coproculture ou d'une hémoculture. Les souches d'origine humaine ont été envoyées au centre national de référence (CNR) des Salmonella et Shigella pour lysotypage et analyse des profils en électrophorèse en champ pulsé (PFGE). Une enquête exploratoire a d'abord été menée afin de recenser les aliments consommés et leurs lieux d'achats, puis une enquête cas-témoins appariée a été menée afin de tester les hypothèses générées par l'enquête exploratoire. A partir des lieux d'achats cités par les cas, la Direction départementale des services vétérinaires (DDSV) du Cantal a suivi les filières de fabrication et de distribution des aliments les plus consommés par les cas. Elle a également recherché la provenance des souches de S. Typhimurium d'origine alimentaire reçues à l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa) depuis début 2002 en provenance du Cantal et des départements limitrophes. Les souches d'origine alimentaire ont été caractérisées en PFGE par l'Afssa et le CNR. Au total, 36 cas de salmonellose à S. Typhimurium ont été recensés dans le Cantal entre le 27 avril et le 23 juillet 2002, parmi lesquels 12 ont été hospitalisés. Le typage des souches par le CNR a permis d'identifier un cluster de 15 cas de lysotype DT104 et le profil P1. Le même profil a été retrouvé de façon majoritaire parmi les souches d'origine alimentaire de ST DT104 reçues à l'Afssa, qui provenaient de producteurs de fromages et de charcuteries. Les résultats des enquêtes épidémiologique, vétérinaire et microbiologique suggèrent que la consommation de saucisson sec ou de saucisse sèche fabriqués par un fabricant situé dans le Cantal est à l'origine du cluster de profil P1. Un rappel du lot contaminé a été effectué les 27 et 28 juin et la population a été informée localement afin de ne pas consommer le lot incriminé acquis antérieurement. Malgré la présence concomitante de cas de salmonellose sporadiques et épidémiques, le typage des souches humaines a permis d'identifier un cluster de cas groupés. Le croisement des données épidémiologiques, biologiques et vétérinaires a permis de suspecter une origine commune entre ces cas, ce qui souligne son importance. (R.A.)

Auteur : Thabuis A, Fabres B
Année de publication : 2005
Pages : 31 p.