Surveillance et investigation d'épidémies de gastro-entérites aiguës survenues dans un centre de vacances. Serre Chevalier, Hautes-Alpes, 2001-2005

Publié le 1 mars 2007
Mis à jour le 6 septembre 2019

Le centre de vacances du Club Méditerranée de Serre Chevalier, accueille de nombreux clients, dont les enfants de 4 mois à 4 ans (Baby Club), avec un fort taux de rotation (1100 personnes par semaine). En hiver 2001-02, 241 cas de gastroentérite aigue (GEA) virale, dont 22 hospitalisations, furent dénombrés parmi la clientèle du centre. Une investigation et une surveillance furent initiées afin de décrire les cas et identifier d'éventuels facteurs de risques. Une surveillance hebdomadaire fut menée de 2002 à 2005, associant un suivi par le centre et par un réseau de médecins généralistes de Serre Chevalier. Deux études descriptives centrées sur la clientèle du centre furent réalisées, ainsi qu'une étude sur les prescriptions de médicaments pour GEA des résidents de Serre Chevalier. Le Centre national de référence des entérovirus assurait l'identification des virus. Des taux d'incidence furent calculés parmi les clients du centre de vacances et la population résidente. La Ddass et la DDSV assurèrent un suivi environnemental (eau de distribution et restauration). Entre l'hiver 2001-02 et 2005, 4 épisodes épidémiques de GEA sont survenus parmi l'ensemble de la clientèle du centre et surtout le Baby Club. Toutes ces épidémies ont impliqué, à des degrés divers, des rotavirus et des calicivirus. Les premiers cas survenaient après 48 heures de séjour, correspondant à la durée d'incubation de ces virus. Lors des épidémies, les taux hebdomadaires moyens de GEA ont varié de 60 à 100/1000 enfants au Baby Club et de 20 à 30/1000 clients pour l'ensemble de la clientèle. Les contrôles d'hygiène alimentaire n'ont pas signalé de risques particuliers. L'eau du réseau communal, qui alimente le centre de vacances, n'était pas toujours conforme sur le plan microbiologique, en dehors de toute épidémie et lors de 3 des 4 épisodes de GEA. Ni le réseau de médecins généralistes, ni l'étude des prescriptions de médicaments n'a détecté d'épidémie en population générale. Ces épidémies ont particulièrement impliqué le Baby Club. Cette structure a favorisé une multiplication virale intense parmi les nourrissons non immuns et réceptifs. La diffusion à l'ensemble du centre de vacances s'est faite par un processus de transmission de personne à personne. D'autres facteurs ont pu intervenir : buffets self-service, difficultés de décontamination des locaux, eau de distribution du réseau communal souvent non conforme bactériologiquement. Cependant, il semble que ce soit un mode particulier de fonctionnement (renouvellement fréquent et brassage d'un nombre élevé de clients, bâtiment monobloc difficile à désinfecter) associé à une structure d'accueil de la petite enfance, qui a rendu propice le développement de ces épidémies. Les guides anglo-saxons de prévention des GEA virales en hébergement touristique ont été difficiles à appliquer. Seule la suppression de l'accueil des nourrissons en hiver 2004-05 semble avoir eu un impact déterminant, avec l'absence de survenue d'épidémie en 2005-06.

Auteur : Armengaud A
Année de publication : 2007
Pages : 15 p.