Evaluation du système de surveillance de la tuberculose par la méthode capture-recapture. Région Rhône-Alpes, 1999-2000

Publié le 1 janvier 2003
Mis à jour le 6 septembre 2019

La surveillance nationale des cas de tuberculose est basée sur le système de déclaration obligatoire (DO). En 1992-1993, une estimation de l'exhaustivité de la déclaration obligatoire de cette maladie avait été réalisée par la méthode capture-recapture sur un échantillon de 15 départements. Elle estimait à 43 % l'exhaustivité du système. L'objectif de cette étude était de suivre l'évolution du système de surveillance par une nouvelle estimation de son exhaustivité par la même méthode et de ses caractéristiques pour l'ensemble de la région Rhône-Alpes. La méthode capture-recapture à 3 sources a été appliquée en utilisant les modèles log-linéaires et en prenant en compte des variables d'hétérogénéité pour l'ensemble des cas diagnostiqués et pour le sous-ensemble des cas bactériologiquement confirmés du fait des différences de définition des cas entre les trois sources. Cette méthode a permis d'estimer le nombre total de cas et l'exhaustivité de chacune des 3 sources de données. Pour ce faire, un recueil rétrospectif des cas de tuberculose ayant conduit à une exonération du ticket modérateur a été réalisé auprès des services médicaux des caisses d'assurance maladie (CAM) ainsi qu'un recueil des cas identifiés auprès de l'ensemble des laboratoires publics et privés d'analyses de biologie médicale. Ces données ont été croisées avec les cas déclarés aux Ddass. Après élimination des doublons, un total de 1306 cas de tuberculose diagnostiquée et de 947 cas bactériologiquement positifs ont été identifiés. Selon le meilleur modèle log-linéaire incluant des interactions entre les sources DO et CAM et DO et LABM, l'estimation totale du nombre de cas diagnostiqués était de 1767 cas. L'exhaustivité de la DO, probablement sous-estimée du fait des différences de définition de cas entre les sources, était de 44 % [41-49]. Pour les cas à localisation pulmonaire, elle était de 51 % [47-55] et elle était meilleure dans les départements les plus importants en terme de population, atteignant 65 % [56-77] dans le Rhône. Pour les cas bactériologiquement confirmés, l'estimation du nombre de cas selon le meilleur modèle prenant en compte une interaction entre les sources DO et CAM était de 1122 [1077 - 1167] cas et l'exhaustivité de la DO atteignait 54 % [52-56]. Cette exhaustivité variait selon la zone géographique dans le même sens que pour l'analyse sur tous les cas. L'analyse menée sur les cas bactériologiquement confirmés était plus fiable, car la définition de cas était identique pour les 3 sources. Les résultats obtenus montraient que l'exhaustivité de la DO demeurait globalement médiocre, sans évolution sensible depuis la première étude menée en 1992-1993. La dépendance observée entre la zone géographique et la DO suggérait que la déclaration obligatoire variait selon des caractéristiques liées à la zone (urbanisation, offre de soins). Ces éléments pouvaient permettre d'orienter de nouvelles actions de sensibilisation. L'introduction des responsables de laboratoires comme déclarants devra être évaluée dans le futur comme facteur d'amélioration de la déclaration de cette maladie, en ce qui concerne les cas bactériologiquement confirmés.

Auteur : Rey S
Année de publication : 2003
Pages : 43 p.