Investigation de cas groupés de légionellose. Montpellier, juillet-Août 2003

Publié le 1 juin 2004
Mis à jour le 6 septembre 2019

Entre le 31 juillet et le 5 août 2003, 12 cas de légionellose à Legionella pneumophila sérogroupe 1 étaient déclarés à la Direction départementale des affaires sanitaires et sociales (Ddass) de l'Hérault dont 5 avaient séjourné une seule fois à Montpellier durant une période très limitée. Une enquête épidémiologique était initiée par la Ddass et la Cellule interrégionale d'épidémiologie (Cire) Sud, en collaboration avec les partenaires de la veille sanitaire, avec pour objectifs de décrire l'épisode épidémique et d'identifier la ou les sources communes d'infection. Les premiers résultats de cette enquête tendaient à écarter la piste nosocomiale et à orienter l'enquête environnementale vers d'autres sources de contamination telles que les tours aéroréfrigérantes (Tar). Un cas a été défini comme toute personne ayant présenté, depuis le 15 juillet 2003, une pneumopathie avec confirmation biologique de légionellose à Legionella pneumophila sérogroupe 1 (isolement, séroconversion, antigène soluble urinaire positif ou titre sérologique supérieur ou égal à 1/256) [1] et résidant, travaillant ou étant passé même brièvement à Montpellier dans les 10 jours précédant les signes de la maladie. Un cas " séjour unique " a été défini comme un cas, ne résidant pas et ne travaillant pas de façon permanente dans la ville de Montpellier, ayant fréquenté une seule fois Montpellier dans les 10 jours précédant les signes de la maladie. Une recherche active des cas a été mise en place auprès des professionnels de santé du département de l'Hérault. Afin d'identifier tout cas de légionellose ayant séjourné à Montpellier depuis le 15 juillet 2003, les autres Ddass et le réseau européen de surveillance des légionelles liées aux voyages (Ewgli) ont été alertés. Un recensement des Tar sur l'agglomération de Montpellier a été réalisé par la Direction régionale de l'industrie, de la recherche et de l'environnement (Drire), le Service communal d'hygiène et de santé de Montpellier (SCHS) et la Ddass. Des prélèvements de contrôle ont été effectués sur ces installations. Les autres pistes de contaminations étudiées étaient : le réseau de distribution d'eau de la ville, l'eau chaude sanitaire au domicile des cas et les fontaines décoratives du centre ville. Afin d'apprécier le rôle possible de la météo dans la dispersion, la survie et la prolifération des légionelles, plusieurs modèles confrontant la courbe épidémique et les conditions météorologiques ont été testés. Les souches cliniques et environnementales de légionelles isolées ont été envoyées au Centre national de référence (CNR) des légionelles de Lyon pour typage moléculaire. Au total 31 cas de légionellose à Legionella pneumophila sérogroupe 1 ont été recensés dont 8 cas" séjour unique ". Le premier cas est apparu le 15 juillet et le dernier le 12 août 2003. Tous résidaient, travaillaient ou étaient passés au centre ville de Montpellier dans les 10 jours précédant le début de la maladie. Les 8 cas" séjour unique " étaient passés à Montpellier le 21 juillet 2003 et avaient fréquenté un périmètre restreint du centre ville. Parmi les prélèvements cliniques des patients 8 souches ont été isolées et présentaient un même profil génomique (Legionella pneumophila sérogroupe 1). Les prélèvements effectués après l'alerte dans les Tar sur le secteur fréquenté par les cas ont révélé que 15 établissements étaient contaminés par des légionelles. Cinq dépassaient les 106 UFC/l dont 2 dans le périmètre fréquenté par l'ensemble des cas " séjour unique ". Onze souches différentes de Legionella pneumophila sérogroupe 1 ont été identifiées dont 5 dans une même Tar. Cependant aucune souche n'était identique à la souche humaine. Les prélèvements réalisés sur les réseaux d'eau et dans les fontaines décoratives de la ville étaient conformes à la réglementation. Aucune Legionella pneumophila sérogroupe 1 n'a été trouvée au domicile des cas. Les différents modèles testés confrontant la courbe épidémique et les conditions météorologiques ont montré qu'il existait une corrélation significative entre les variations des taux d'humidité de l'air extérieur et l'apparition de cas. (R.A.)

Auteur : Franke F
Année de publication : 2004
Pages : 32 p.