Cas groupés de légionellose, Rennes (35). Décembre 2005 - Janvier 2006

Publié le 1 octobre 2006
Mis à jour le 6 septembre 2019

Introduction. Entre le 2 et le 4 janvier 2006, 6 cas de légionellose ont été signalés à la Direction départementale des affaires sanitaires et sociales (Ddass) d'Ille-et-Vilaine. Les cas étaient perçus regroupés dans le temps et sur une zone géographique limitée à la ville de Rennes suggérant ainsi une source commune de contamination. Méthodes. Une enquête épidémiologique descriptive a été réalisée afin de valider la présomption d'un foyer épidémique et orienter des investigations environnementales à la recherche de sources communes d'exposition aux légionelles. Un cas a été défini comme toute personne ayant présenté depuis le 11 décembre 2005, une pneumopathie avec confirmation biologique de légionellose à Legionella pneumophila sérogroupe 1 (LP1) et résidant, travaillant ou ayant fréquenté l'agglomération rennaise (ville de Rennes et communes voisines) dans les 10 jours ayant précédé la date de début des signes cliniques de la maladie. Les investigations environnementales ont principalement concerné une zone géographique de fréquentation commune aux cas construite à partir de leurs déplacements et de leur domicile. Les investigations se sont orientées sur les tours aéro-réfrigérantes humides (TAR), connues comme étant les installations les plus à risque de dissémination large d'aérosols contaminés par des légionelles. Les TAR éventuellement non recensées ont été recherchées. Les conditions de fonctionnement et les résultats de l'autosurveillance de ces installations ont été examinés. En complément de ces investigations, des expositions individuelles aux légionelles ont été recherchées. Les systèmes de production d'eau chaude sanitaire au domicile des cas ont été décrits. De même, les conditions de fonctionnement des TAR ont été évaluées dans une zone géographique annexe fréquentée par un seul des cas. Les souches cliniques et environnementales isolées dans le cadre des investigations ont été comparées par le Centre national de référence des légionelles par technique de typage moléculaire en champ pulsé après macro restriction de l'ADN. Résultat. Huit cas ont été inclus dans cet épisode : les dates d'apparition des premiers symptômes étaient comprises entre le 21 décembre 2005 et le 1er janvier 2006. La période du 19 au 27 décembre apparaît comme une période plus particulièrement à risque au cours de laquelle la majorité des cas ont pu se contaminer. Deux cas sont décédés. L'examen des résultats d'autosurveillance et des analyses complémentaires ont permis d'identifier 3 TAR pour lesquelles la maîtrise du risque légionelle avait été mise en défaut. L'autosurveillance de l'une des TAR (établissement 1) a permis d'identifier une souche environnementale identique à l'unique souche clinique isolée. Celle-ci était la souche " Rennes " identifiée lors de la survenue en 2000 d'un précédent épisode épidémique à Rennes. Gestion du risque environnemental. Les services d'inspection des installations classées ont assuré le suivi de la mise en oeuvre des mesures de gestion du risque environnemental au niveau de chacune des 3 TAR. Discussion. L'allure de la courbe épidémique plaide en faveur de l'existence d'une source commune d'exposition. Cette hypothèse est confortée par le fait qu'aucune autre exposition individuelle aux légionelles n'a été mise en évidence. Les résultats des enquêtes environnementales et microbiologiques tendent à associer la contamination d'une TAR localisée à l'est de Rennes et la survenue d'une partie des cas. La contamination de l'installation par la souche " Rennes " à la date du 21 décembre 2005 constitue le principal argument en faveur d'une telle association. Les éléments recueillis lors des investigations demeurent cependant insuffisants pour affirmer la survenue de 8 cas groupés attribuables à cette seule installation. Ce nouvel épisode épidémique permet d'émettre l'hypothèse du caractère endémique de la souche " Rennes " qui jusqu'à présent n'avait été identifiée qu'à l'occasion de l'épidémie de 2000. Par ailleurs, le faible nombre de cas inclus lors de cet épisode peut refléter l'amélioration de la surveillance et du travail en partenariat. En effet, les investigations menées dès le signalement des premiers cas ont permis de suivre et compléter les mesures de contrôle et probablement de juguler cette épidémie rapidement. Conclusion et recommandations. L'épisode permet de rappeler l'intérêt d'associer plus systématiquement les diagnostics positifs de légionellose effectués par antigénurie à des prélèvements à visée bactériologique. L'épisode confirme l'importance de la collaboration précoce de tous les partenaires impliqués dans la gestion du risque légionelles. (R.A.)

Auteur : Guillois Becel Y, Bailly C, Manet G, Marquis M, Buisset JM, Besse P, Dissais J
Année de publication : 2006
Pages : 27 p.