Prise en charge de 90 patients suspects de syndrome respiratoire aigu sévère. Expérience d'une collaboration épidémioclinique en situation d'alerte sanitaire liée à une infection émergente

Publié le 1 décembre 2007
Mis à jour le 6 septembre 2019

Objectifs. Afin d'analyser les différences possibles d'évaluation entre les équipes opérationnelles épidémiologiques et cliniciennes dans la gestion d'une maladie épidémique émergente, et d'en tirer un enseignement pour la gestion de crises ultérieures, les caractéristiques des patients suspects de syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) hospitalisés dans un service parisien ont été décrites. Patients et méthodes. Les 90 patients hospitalisés du 16 mars au 30 avril 2003 furent inclus dans cette étude prospective. Les données échangées avec les institutions sanitaires locales permirent à la fois une classification de cas officielle (" possibles ", " probables ", " exclus ") et une classification locale basée sur une adaptation de celle-ci, incluant une catégorie supplémentaire dans la graduation du risque, intermédiaire entre " possible " et " exclu " (" douteux "). Résultats. L'évaluation initiale différait dans 39 % des cas (n = 35), sur des arguments épidémiologiques (n = 24) ou clinicobiologiques (n = 11). L'évaluation finale divergeait dans 54 % des cas (n = 47). Tous les patients furent officiellement considérés comme des cas " exclus " de SRAS, alors que 47 demeuraient des cas " possibles " ou " douteux " selon les cliniciens. Conclusion. Une différence de perception existait dans environ 40 % des cas, sans impact en termes de diffusion épidémique ou d'exposition nosocomiale, puisqu" aucun cas probable de SRAS n'a été retenu parmi ces patients ou leur entourage. De la confrontation de ces perceptions différentes, mais complémentaires, peuvent émerger des enseignements enrichissant la gestion interdisciplinaire d'épidémies ultérieures.

Auteur : Cibrelus L, Noel V, Emmanuelli J, Breton G, Longuet B, Rigolli B, Leport C, Vilde JL
Médecine et maladies infectieuses, 2007, vol. 37, n°. S3, p. S242-50