Investigation d'une recrudescence de cas de coqueluche dans les communes de Remire-Montjoly et Matoury, île de Cayenne, Guyane

Publié le 1 décembre 2005
Mis à jour le 6 septembre 2019

Contexte. Les 2 enquêtes de couverture vaccinale réalisées en Guyane en 1990 et en 2000 ont montré des taux de couverture vaccinale contre la coqueluche insuffisants dans tout le département. Dans la zone littorale, la couverture vaccinale à 24 mois par 3 injections de vaccin anti-coquelucheux était estimée à 85%. La couverture par 4 doses de coqueluche était encore plus faible. Elle a été estimée à 43 % à 24 mois et à 77% à 6 ans. La couverture vaccinale à 12 ans reste faible dans les cohortes plus âgées ; 60% des adolescents seulement ont bénéficié de 4 doses de vaccin anti-coquelucheux. Ces résultats ont été confirmés par une enquête de monitorage vaccinal réalisée en avril 2003 dans certains quartiers de Cayenne et de Rémire-Montjoly où la vaccination des enfants âgés de 6 mois à 6 ans contre la coqueluche a été retrouvée insuffisante dans la totalité des secteurs enquêtés. La constitution de groupes importants de nourrissons et d'enfants insuffisamment vaccinés contre la coqueluche augmente la population des susceptibles à Bordetella pertussis composée des adolescents et adultes pour lesquels l'immunité naturelle ou vaccinale a disparu. Cette situation amplifie le risque de circulation du bacille dans la population et ainsi d'apparition de formes graves chez les nourrissons non immunisés. A cela s'ajoute la survenue ponctuelle d'épidémies de coqueluche dans les zones frontalières des pays voisins (Brésil, Surinam). La dernière date d'octobre 2005 au Brésil. 313 cas de coqueluche ont été signalés aux alentours de Kumaruma, sur le fleuve Oyapock, parmi lesquels 38 ont été confirmés cliniquement. Un rattrapage vaccinal a été mis en oeuvre en Guyane fin octobre 2005 pour les populations frontalières. Au total, 530 vaccins ont ainsi été administrés aux résidents du secteur de la commune de Saint-Georges. Dans ce contexte, la survenue de foyers épidémiques de coqueluche doit être suivie avec le plus grand soin afin de mettre en oeuvre rapidement les mesures de surveillance et de contrôle appropriées. Alerte. Le 22 novembre 2005 et conformément à la recommandation émise par le Conseil Supérieur d'Hygiène Publique de France (CSHPF) quant à la conduite à tenir devant des cas groupés de coqueluche, un médecin libéral exerçant à Rémire-Montjoly (Guyane) signale 2 cas groupés de coqueluche à la Cellule de Veille Sanitaire (CVS) de la Direction de la Santé et du Développement Social (DSDS) de Guyane. Le 29 novembre, ce même médecin fait état de 4 nouveaux cas de coqueluche ainsi que de 6 suspicions. La Cellule Inter-Régionale d'Epidémiologie Antilles-Guyane (Cire A-G) est sollicitée pour apporter son concours à l'évaluation de la situation. Le 1er décembre, la Cire A-G et la DSDS de Guyane font parvenir ce signalement à la cellule de coordination des alertes de l'InVS et au département des situations d'urgences sanitaires de la DGS. Une enquête de terrain est menée avec la collaboration du service départemental de Protection maternelle et infantile (PMI) de Guyane du 07 au 09 décembre sur les communes concernées afin de valider le signalement. Un suivi épidémiologique des cas de coqueluche a ensuite été mis en place par la Cellule de veille sanitaire, auprès des laboratoires d'analyses de biologie médicale privés et hospitalier.

Auteur : Petit L, Chaud P, Cardoso T
Année de publication : 2005
Pages : 29 p.