Analyse commentée. Enquête européenne sur la santé respiratoire : caractéristiques des logements, exposition aux moisissures et asthme. Numéro thématique. Moisissures dans l'air intérieur et santé

Publié le 1 décembre 2005
Mis à jour le 8 février 2024

Cet article est une analyse critique de l'étude suivante : Zock JP, Jarvis D, Luczynska C, Sunyer J, Burney P; European Community Respiratory Health Survey. Housing characteristics, reported mold exposure, and asthma in the European Community Respiratory Health Survey. J Allergy Clin Immunol. 2002 Aug;110(2):285-92. L'Enquête européenne sur la santé respiratoire (ECRHS), étude multicentrique réalisée dans 18 pays au cours des années 1990, a collecté des informations standardisées sur la prévalence de l'asthme et les facteurs de risques (reconnus ou suspectés) de l'allergie et de l'asthme. Les relations entre habitat humide, concentration en flore fongique viable, allergènes d'acariens, et asthme ont déjà été établies dans les études publiées pays par pays (Suède, Allemagne et Australie). Aucun résultat global n'a été publié avant ceux de la présente étude. L'objectif de l'étude est la recherche d'associations entre les caractéristiques de l'habitat (humidité, contamination fongique, niveau d'allergènes d'acariens) et l'asthme de l'adulte dans l'ensemble des zones géographiques de l'ECRHS. L'étude descriptive transversale de Zock et collaborateurs est une étude d'envergure qui comporte des forces et des limites. La population à l'étude est constituée d'un échantillon représentatif de jeunes adultes provenant de plusieurs pays européens et non-européens. La collecte des données sanitaires et environnementales a été faite par entrevue, à l'aide d'un questionnaire standardisé. Elle comprend aussi des mesures biologiques d'allergie et des tests de fonction respiratoire. Les variables reliées à l'asthme sont définies par une réponse positive à des questions concernant les symptômes respiratoires au cours des 12 mois précédents. En revanche, le diagnostic d'asthme (current asthma) ne repose pas spécifiquement sur un diagnostic médical mais sur le rapport de symptômes respiratoires et/ou de la prise de médicaments. Il n'y a pas de mesure objective des acariens et des moisissures dans l'environnement intérieur. Cependant, des dosages d'allergènes spécifiques et un Prick test ont été utilisés comme bioindicateurs. Il aurait été souhaitable que les auteurs discutent de l'interaction possible entre l'exposition aux acariens et l'exposition aux moisissures. La documentation d'un risque d'asthme homogène dans les populations des différents pays et d'un risque plus élevé chez les personnes sensibilisées aux moisissures donne de la plausibilité aux résultats. Malgré ses limites, cette étude descriptive constitue un jalon important dans la recherche de nouvelles connaissances sur le lien entre l'exposition aux moisissures dans les habitations et l'asthme. Elle justifie que d'autres études à visée étiologique, utilisant des mesures objectives de l'exposition et portant sur des populations possiblement plus vulnérables, les enfants par exemple, soient réalisées. (Extraits de l'article)

Auteur : Lajoie P, Mouilleseaux A
Extrapol. Epidémiologie et pollution atmosphérique. Analyse critique des publications internationales, 2005, n°. 27, p. 25-7