Dépistage du saturnisme chez les personnes mineures : exemple de la région Midi-Pyrénées de 2002 à 2013

Publié le 1 juin 2015
Mis à jour le 6 septembre 2019

Objectif : le plomb peut entraîner des effets délétères, notamment neurologiques, hématologiques et rénaux. Les enfants de moins de six ans sont les plus touchés en raison d'une absorption digestive et d'une inhalation plus importantes, de l'immaturité de leur système nerveux central et d'un comportement main-bouche (pica). Le dépistage des intoxications au plomb (saturnisme) est une priorité de santé publique depuis les années 1990. La définition des nouveaux cas de saturnisme a été fixée par l'arrêté du 5/02/2004 relatif à la déclaration obligatoire du saturnisme chez l'enfant mineur. L'objectif de cette étude est de présenter une synthèse des activités de dépistage du saturnisme chez les personnes mineures et de leurs résultats dans la région Midi-Pyrénées de janvier 2002 à décembre 2013. Méthodes : les données exploitées correspondent aux dosages de plombémies effectués dans le cadre d'un primo-dépistage ou d'un suivi chez des résidents de la région Midi-Pyrénées de 2002 à 2013. Elles proviennent de la base du système national de surveillance des plombémies chez l'enfant (SNSPE), alimentée par les fiches de surveillance des plombémies reçues dans les Centres Antipoison et de Toxicovigilance (CAPTV) et la déclaration obligatoire des cas, et gérée à l'Institut de Veille Sanitaire (InVS). Un cas incident de saturnisme infantile a été défini par la découverte d'une plombémie e 100 Œg/L (0,48 Œmol/L) lors d'un primo-dépistage ou d'un dosage de suivi chez une personne mineure. Les analyses statistiques ont été effectuées à l'aide du logiciel STATA®, version 12.0. Résultats : de 2002 à 2013, 1321 plombémies ont été réalisées en Midi-Pyrénées. La majorité des dosages a été effectuée entre 2003 et 2008, période des grands dépistages, qui concernaient des villes ou des quartiers ciblés (gens du voyage à Toulouse, enfants résidants dans des quartiers à habitat ancien ou pollués par des industries). Dans 83,9 % des cas (soit 1109 plombémies), il s'agit de primo-dépistages. La médiane pour toutes les plombémies est de 27 Œg/L. Les enfants prélevés avaient 5,6 ± 4,5 ans (< 1 17 ans). Parmi ces dosages, 56 ont révélé des cas incidents de saturnisme (4,2 %). La plombémie médiane de ces cas est de 135 Œg/L. Les enfants atteints avaient 5,4 ± 4,3 ans (< 1 16 ans). Parmi les facteurs de risque, en comparaison avec les enfants non atteints, ont été retrouvés : un habitat dégradé (26,7 % vs 9,9 %, p < 0,001), d'autres enfants intoxiqués dans l'entourage (23,2 % vs 3,8 %, p < 0,001), la présence de peintures au plomb dans l'habitat (12,5 % vs 4,2 %, p < 0,001). Conclusion : les professionnels de santé semblent maintenant mieux sensibilisés au dépistage du saturnisme infantile. Les CAPTV restent au centre du dispositif par la réception des fiches de surveillance des plombémies. Le caractère souvent asymptomatique de l'intoxication rend ces actions de dépistage ciblées indispensables, avec la recherche de facteurs de risque. La surveillance épidémiologique repose sur la collaboration InVS, CAPTV, Agences régionales de santé (ARS) et acteurs de terrain. Elle permet de décrire les actions de dépistage menées dans la région, information utile aux acteurs de la lutte contre le saturnisme, pour la prise en charge des enfants exposés et la réduction des expositions.

23e congrès SFTA et 53e congrès STC, Arcachon, 2-5 juin 2015

Auteur : Pelissier F, Guilbert O, Mouly D, Lecoffre C, Franchitto N
Toxicologie Analytique et Clinique, 2015, vol. 27, n°. 2, supplément, p. S62-3