Dépistage du saturnisme chez les jeunes enfants dans les Bouches-du-Rhône (France), avril-juillet 2008

Publié le 23 novembre 2010
Mis à jour le 6 septembre 2019

Objectif - L'objectif de ce travail était d'évaluer la faisabilité du repérage d'enfants à risque de saturnisme, au moyen d'un outil simple d'aide à la décision, lors de consultations PMI ou à l'occasion des bilans systématiques en école maternelle, et d'évaluer la pertinence des critères de repérage retenus. Méthodes - Du 21 avril au 2 juillet 2008, des enfants à risque de saturnisme âgés de 1 à 6 ans ont été repérés en consultation de PMI ou lors de bilans de santé à l'école maternelle, au moyen d'une fiche préétablie, sur des critères environnementaux et cliniques. Les enfants ainsi repérés ont été orientés vers un dépistage (réalisation d'une plombémie), et pris en charge suivant les recommandations préconisées au niveau national. Les facteurs de risque ont été analysés dans les fiches de repérage recueillies. Résultats - Le nombre de fiches recueillies a été de 6 125 ; 347 enfants ont été orientés, parmi lesquels 185 ont été dépistés (plombémie réalisée) : 134 enfants ont eu un résultat négatif de plombémie, 44 étaient imprégnés (plombémie entre 30 et 99 ug/l) et 7 étaient intoxiqués (plombémie = 100 ug/l). Les principaux facteurs de risque au repérage étaient : le comportement de pica, l'habitat ancien d'avant 1949, dégradé, réhabilité ou non, le jeune âge des enfants (la moitié avait de 1 à 2 ans). Si le critère habitat ancien a bien mis en évidence des zones attendues à risque, l'intoxication nécessite d'autres facteurs : pica, jeune âge, habitudes socioculturelles et précarité. Ainsi l'habitat ancien reste prédominant dans le repérage des enfants imprégnés, mais l'intoxication demeure multifactorielle. Tous les enfants intoxiqués ont été repérés en consultation PMI ; six étaient âgés de moins de 3 ans et tous avaient moins de 5 ans. Pour les enfants imprégnés, 77% ont été aussi repérés en consultation PMI. Discussion-conclusion - De cette enquête, on peut retenir la pertinence de la fiche et des critères utilisés, la prédominance du jeune âge et l'importance d'acteurs efficients. Une simplification des procédures pourrait permettre d'augmenter le nombre de plombémies réalisées après repérage. Cet outil simple, utilisable par tous les acteurs de terrain, pourrait optimiser un dépistage ciblé. (R.A.)

Auteur : Boyer M, Maurin N, Prudhomme J, Duponchel JL, Collomb J, Pelleing F, Suzineau E
Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire, 2010, n°. 44, p. 441-5